Le Nobel de la paix ne fait pas l’unanimité

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avec AFP , modifié à
Surpris, déçus, certains leaders européens ne goûtent pas le choix du Nobel de la paix, cette année.

Si les principaux dirigeants européens n'ont pas tari de louanges sur l'attribution du Nobel de la paix à l'Union européenne, des critiques, parfois acerbes, ont fusé du côté des eurosceptiques.

Le gouvernement conservateur britannique a réagi du bout des lèvres par un bref communiqué alors que les eurosceptiques ont accueilli la récompense avec des sarcasmes. L'eurodéputé britannique Nigel Farage a ainsi estimé que ce prix "montre que les Norvégiens ont un réel sens de l'humour". "L'UE a créé de la pauvreté et du chômage pour des millions de gens" et attisé l'animosité entre pays du nord et du sud de l'UE, a-t-il jugé.

Lech Walesa "surpris et déçu"

Et hors milieux officiels, la critique se fait parfois acerbe.  Le prix Nobel de la paix polonais, en 1983, Lech Walesa, s'est dit "surpris et déçu". "Certes, l'Union européenne tente de changer l'Europe et le monde de manière pacifique mais elle se fait payer pour ça", alors que les activistes s'engagent dans leur action juste pour défendre une idée, a expliqué le leader historique du syndicat Solidarité et symbole de la victoire pacifique contre le régime communiste polonais.

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L'ex-dissidente soviétique et militante russe pour la défense des droits de l'Homme Lioudmila Alexeeva a regretté, quant à elle, que le jury des Nobels n'ait pas préféré récompenser des défenseurs des libertés, tels que "des prisonniers politiques iraniens" ou les "défenseurs des droits de l'Homme" en Russie.

Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a bien résumé ces commentaires antagonistes. Il s'est certes félicité d'une UE qui a "remplacé la guerre par la paix et la haine par la solidarité", mais avec un bémol: "nous ne pouvons pas vivre dans une union où, dans un pays, les gens sont très riches (...) et dans les autres, les gens, même les universitaires, doivent fouiller dans les poubelles pour trouver quelque chose à manger. C'est indigne d'une union qui a reçu le prix Nobel de la paix", a-t-il asséné. "C'est pourquoi nous devons continuer et donner à l'Europe le pouvoir d'arriver à davantage de justice, dont nous avons un besoin urgent en ce moment", a conclu le président du Parlement.

Le Nobel de "l'humour noir"

Du côté des politiques français, les critiques ont également été piquantes. Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de gauche, a décerné le prix de "l'humour noir" au comité Nobel de la Paix. "On comprend qu'elle n'ait pas reçu le prix nobel d'économie tant sa politique aggrave la crise et le chômage", ironise-t-il. "Certes, l'Union européenne a garanti la paix aux marchés financiers, aux spéculateurs et aux profits bancaires", ajoute-t-il. "Mais ne mène-t-elle pas une guerre contre les peuples qui la composent et leurs droits sociaux ?", conclut-il.

Autre ancien candidat à l'Elysée, sceptique à l'annonce du lauréat du Nobel de la paix, Nicolas Dupont-Aignan a ironisé sur un "prix Nobel à titre posthume pour l'Union européenne", considérant que "l'Union européenne a recréé des tensions et rouvert les plaies que l'Europe de la paix avait refermées". "Tous les prix du monde et les déclarations lénifiantes n'y pourront rien, l'Union européenne, qui n'a que 20 ans et non pas 60 comme le proclame le comité Nobel, n'est plus l'Europe de la Paix qu'avait consacrée Adenauer et de Gaulle, Kohl et Mitterrand", a estimé le président de Debout la République.

Et enfin la patronne du Front national, Marine Le Pen a estimé, pour sa part, que l'attribution du Nobel à l'UE "trois ans après Barack Obama, l'homme de toutes les guerres, montre la faillite totale du comité Nobel". "L'Union européenne est aujourd'hui le premier facteur de désunion et de montée des tensions entre les nations européennes, en organisant une concurrence féroce entre les peuples, en méprisant toute forme d'expression démocratique et en sacrifiant partout la prospérité sur le dogme de l'euro", a écrit la responsable FN dans un communiqué.