Le mystérieux suicide d’une humanitaire britannique

 Jacqueline Sutton a été retrouvée pendue dans les toilettes de l'aéroport d'Istanbul où elle attendait un vol pour l’Iraq.
Jacqueline Sutton a été retrouvée pendue dans les toilettes de l'aéroport d'Istanbul où elle attendait un vol pour l’Iraq. © AFP
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M.D avec AFP
SUSPICION - Jacqueline Sutton a été retrouvée pendue dans les toilettes de l'aéroport d'Istanbul où elle attendait un vol pour l’Iraq.

S’est-elle réellement suicidée ? Jacqueline Sutton, une Britannique qui travaillait pour une organisation non gouvernementale en Irak, a été découverte morte samedi soir dans les toilettes de l'aéroport d'Istanbul. "Les circonstances de sa mort ne sont pas claires et nous essayons d'établir les faits", a aussitôt fait savoir son employeur l'Institut for War and Peace Reporting (IWPR).

Pendue avec des lacets de chaussures. Le directeur exécutif de l'institut, Anthony Borden, a demandé qu’une enquête "ouverte et transparente", soulignant qu'il était difficile d'accepter la thèse du suicide. Rapportant des informations des médias turcs selon lesquelles Jacky Sutton, 50 ans, se serait pendue avec ses lacets de chaussures, il a ajouté "qu'il n'était même pas sûre qu'elle portait des chaussures à lacets". Selon le quotidien turc Hürriyet, Jacqueline Sutton était arrivée samedi soir à Istanbul en provenance de Londres et était en transit pour Erbil, dans le Kurdistan irakien.

Quelqu'un "de nature positive". L’annonce de sa mort a été un choc pour l’ensemble de ses collègues qui l’ont unanimement décrite comme quelqu'un "de nature positive". Jacqueline Sutton avait travaillé comme journaliste pour le service international de la BBC entre 1998 et 2000, avant d'effectuer différentes missions pour les Nations unies, notamment en Afghanistan, en Iran, à Gaza et en Irak, précise l'IWPR.

"Jacky retournait en Irak pleine de projets avec notamment des projets de lutter contre l'extrémisme violent qui menace le pays auquel elle était tant attachée", a indiqué l’ONG. "Elle était l'une de nos meilleures professionnelles en matière de développement travaillant sur l'Irak et elle a consacré près de dix ans de sa vie à aider le pays", a-t-on ajouté.

Le directeur exécutif de l'institut n’est pas le seul à se poser des questions sur les circonstances de la mort de leur collaboratrice. Sudipto Mukerjee, du programme des Nations unies pour le développement a écrit sur Twitter "avoir beaucoup de mal à croire que ma collègue (...) s'est suicidée".

Son prédécesseur assassine. L'institut IWPR a rappelé que le prédécesseur de Jacqueline Sutton en Irak, Ammar al-Shahbander, avait été tué dans un attentat à la voiture piégée à Bagdad il y a à peine cinq mois. Jacky Sutton s'était justement rendue à Londres pour assister aux côtés de la famille d'Ammar al-Shahbander à une cérémonie religieuse en sa mémoire la semaine dernière. Jacqueline Sutton faisait une thèse sur le développement international au Centre d'études arabes et islamiques de l'Australian National University. Le directeur du centre, Amin Saukal, a déclaré au Guardian être "profondément attristé et choqué".

Le président du parlement irakien, Salim al-Juburi a, de son côté, "appelé les autorités turques de faire toute la lumière sur les circonstances de cet incident", selon un communiqué de la présidence. "Elle est morte dans des circonstances mystérieuses dans un aéroport turc alors qu'elle se rendait en Irak, où elle devait se rendre pour aider ce pays", a-t-il ajouté selon le communiqué.