Le Mali en crise a voté dans le calme

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A. Wemaere avec AFP , modifié à
Les Maliens ont voté dimanche pour sortir leur pays de dix-huit mois d'une grave crise politico-militaire.

L'INFO. Les Maliens ont voté dimanche dans le calme au second tour de la présidentielle, mais moins nombreux qu'au premier tour du 28 juillet, pour élire un nouveau chef de l'Etat qui devra sortir leur pays de dix-huit mois de chaos. Certains chefs de bureaux de vote à Bamako ont affirmé que la participation n'atteignait pas la moitié de celle atteinte au premier tour, lors duquel le taux d'affluence avait été exceptionnel pour le Mali avec 48,98%.

Un scrutin sous haute surveillance. La plupart des bureaux de vote à Bamako ont ouvert comme prévu à 8 heures et doivent fermer à 18 heures locales comme dans l'ensemble du pays. Ce scrutin a été surveillé par plusieurs centaines d'observateurs nationaux et internationaux et sa sécurité a été assurée par l'armée malienne, les Casques bleus de la Minusma et l'armée française.

Rétablir l'ordre constitutionnel. Le second tour de la présidentielle de dimanche, deux semaines après un premier tour réussi le 28 juillet en dépit de craintes d'attentats jihadistes, doit rétablir l'ordre constitutionnel interrompu par un coup d'Etat militaire le 22 mars 2012, qui a précipité la chute du nord du pays aux mains de groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda.

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Un duel d'ex-ministres. Les deux candidats en lice, arrivés en tête du premier tour, sont des vétérans de la vie politique malienne : Ibrahim Boubacar Keïta dit IBK, 68 ans, est un ex-Premier ministre, et Soumaïla Cissé surnommé "Soumi", 63 ans, un ex-ministre des Finances et un ancien responsable de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa). IBK, fort de son avance de 20 points (39,79% des voix au premier tour, contre 19,70% pour Cissé), semble largement favori mais Soumaïla Cissé table sur une mobilisation plus forte encore qu'au premier tour - 48,98%, un taux historique au Mali - et sur une partie de près de 400.000 bulletins déclarés nuls le 28 juillet.

Un pays à genoux. La tâche du vainqueur sera rude, car le Mali vient de vivre la plus grave crise de son histoire récente qui a laissé exsangue ce pays de quelque 14 millions d'habitants. Cette sombre période a débuté en janvier 2012 par une offensive de rebelles touareg dans le nord du pays, suivie en mars 2012 par un coup d'Etat qui a renversé le président élu Amadou Toumani Touré, puis de la prise du contrôle du Nord par des groupes criminels et des jihadistes qui ont humilié l'armée et commis de nombreuses exactions avant d'en être chassés en 2013 par une intervention militaire internationale initiée par la France, toujours en cours. Ce conflit a poussé 500.000 personnes à fuir leurs domiciles, il a accentué la pauvreté et ravivé les haines entre les différentes communautés du pays, Touareg et Arabes d'un côté assimilés aux rebelles et aux jihadistes, Noirs majoritaires de l'autre.

Le casse-tête des Touaregs. Le nouveau président devra redresser l'économie du pays et entamer le processus de réconciliation, en particulier avec la minorité Touareg. Les quelques centaines de milliers de Touareg du Mali vivent essentiellement dans le Nord désertique qui a déjà connu plusieurs rébellions depuis l'indépendance du Mali en 1960: une partie d'entre eux rêve d'indépendance ou au moins d'autonomie. Deux solutions rejetées avec fermeté par les deux candidats, car elles mèneraient à la partition du pays. Pour développer le nord du Mali et tenir compte de l'identité spécifique des Touareg, ils misent sur une politique de décentralisation plus poussée.