Le Charles-de-Gaulle a-t-il ignoré des migrants ?

La France dément que son porte-avions est impliqué dans la mort de 62 Libyens fuyant leur pays.
La France dément que son porte-avions est impliqué dans la mort de 62 Libyens fuyant leur pays. © REUTERS
  • Copié
avec Reuters , modifié à
La France dément que son porte-avions est impliqué dans la mort de 62 Libyens.

Le porte-avions français Charles-de-Gaulle a-t-il ignoré l’appel à l’aide de migrants libyens ? C’est ce qu’affirme lundi le journal britannique The Guardian. Selon le quotidien, un bateau transportant 72 personnes, dont des femmes, des enfants en bas âge et des réfugiés politiques, a connu des problèmes après avoir quitté Tripoli à destination de l'île italienne de Lampedusa le 25 mars.Au final, 62 d'entre-eux ont trouvé la mort.

Bien que les gardes-côte italiens aient pu être alertés et que le bateau soit entré en contact avec un hélicoptère et un bâtiment de guerre de l'Otan, aucun effort n'aurait été mené pour recueillir ses occupants, écrit le Guardian. Soixante-deux des émigrants à bord sont morts de faim ou de soif pendant les 16 jours où leur bateau a dérivé en mer, lit-on dans l'article.

Des informations démenties par la France et l'Otan lundi. Carmen Romero, porte-parole de l'Otan, a indiqué que le seul porte-avions qui participait alors à l'opération de l'Otan en Libye, effective sous mandat de l'ONU depuis le 19 mars, était italien et se trouvait loin de l'endroit où dérivait le bateau. "Par conséquent, les accusations voulant qu'un porte-avions de l'Otan ait repéré puis ignoré le navire en détresse sont erronées", a-t-elle dit.

Ils larguent des bouteilles d’eau et des biscuits

Selon le Guardian, le capitaine ghanéen du bateau dirigeait le navire vers Lampedusa, à 290 km au nord-ouest de Tripoli, mais au bout de 18 heures de mer, l'embarcation a connu des problèmes et perdu du carburant. Les émigrants ont téléphoné à un prêtre érythréen se trouvant à Rome, lequel a contacté les gardes-côte italiens.

Un hélicoptère dont les pilotes portaient des uniformes a survolé un peu plus tard le bateau et largué des bouteilles d'eau et des paquets de biscuits, écrit le journal. Les pilotes ont fait signe aux passagers qu'ils devraient rester dans cette zone le temps qu'un bateau vienne à leur secours, mais aucun navire ne s'est jamais présenté.

Morts de faim et de soif l'un après l'autre

Le 29 ou le 30 mars, dit le journal britannique, le bateau d'émigrants a dérivé en vue d'un porte-avions de l'Otan, et selon des survivants, deux avions ont décollé du pont et ont survolé à basse altitude le bateau, dont les passagers s'étaient dressés et brandissaient les deux bébés à bord. Cependant, affirme le Guardian, aucune aide n'est parvenue.

Lorsque, le 10 avril, le bateau à la dérive a échoué sur une plage près de Zlitane, dans les environs de Misrata dans l'Ouest libyen, seules 11 personnes à bord étaient encore en vie. L'une d'elles est morte peu de temps après avoir touché terre. Le Guardian écrit qu'après une enquête approfondie, il a conclu que le porte-avions en question était probablement le Charles-de-Gaulle.

Mais la France a tenu à préciser que le porte-avions français a pris part aux opérations internationales au large de la Libye, et qu'il n'était pas fin mars, sous le commandement de l'Otan. A Paris, l'état-major a démenti qu'un navire français ait été impliqué dans cette affaire. "Le Charles-de-Gaulle n'a jamais été en contact avec ce type d'embarcation, ni aucun autre bâtiment français, compte tenu de sa position", a dit Thierry Burkhard, porte-parole de l'état-major des armées. "Le Charles-de-Gaulle ne s'est jamais trouvé à moins de 200 kilomètres de Tripoli, alors qu'ils annoncent ce bateau à 60 milles nautiques, soit 110 km, de Tripoli", a-t-il expliqué.