Le calvaire des ouvriers de Fukushima

Combinaison bleue et masque à gaz, les ouvrieres de Fukushima travaillent dans un milieu hautement irradié.
Combinaison bleue et masque à gaz, les ouvrieres de Fukushima travaillent dans un milieu hautement irradié. © REUTERS
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avec Anne Le Gall , modifié à
Ils sont environ 200 à travailler en risquant leur vie sur le site nucléaire japonais.

Pour la première fois, les autorités japonaises ont reconnu jeudi que des ouvriers de la centrale de Fukushima ont été irradiés. Au moins trois d’entre eux ont été touchés, dont deux ont été hospitalisés. Mais on sait encore très peu de choses sur l’état de santé et le travail de ces hommes, qu’on appelle des "liquidateurs", un terme déjà utilisé à Tchernobyl.

Ils ont la délicate et périlleuse tâche visant à refroidir les réacteurs de la centrale de Fukushima. Le personnel a repris les opérations d'arrosage sur le réacteur 3 où l'électricité a été en partie rétablie dans la salle de contrôle. Le courant a également été partiellement rétabli jeudi dans la salle de contrôle du réacteur 1, mais le système de refroidissement n'a toujours pas été relancé.

Les premières images de ces héros sont parvenues depuis le Japon. Elles dateraient des 18 et 19 mars dernier.

On voit ces volontaires travailler, vêtus de combinaisons et de masques à gaz :

Sur les photos qui viennent jusqu'à nous, on y voit ces hommes, à l'intérieur de la centrale, au milieu d’une sorte de brume, dont on ne sait pas trop si c’est de la fumée ou de la poussière. Ils travaillent dans le noir, avec des projecteurs d’appoint pour seule source de lumière.

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Ils sont ainsi 200 au total à s’affairer au péril de leur vie dans la centrale, mais aussi à l'extérieur.

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25 fois la dose annuelle autorisée en France

Pour limiter les radiations, ils sont obligés de sortir à tour de rôle. Ils tournent donc par équipe de 50.

La communication étant verrouillée par les autorités japonaises, difficile d'obtenir des informations sur le niveau de radioactivité dans la centrale. Seule certitude : mercredi, le niveau est monté jusqu’à 500 millisieverts, c'est-à-dire 25 fois la dose annuelle autorisée en France pour les ouvriers du nucléaire. Ces irradiations ont d’ailleurs conduit à l’évacuation partielle du personnel.

Le Japon a par ailleurs augmenté il y a quelques jours le seuil de radioactivité autorisé en cas d’accident. Ce qui fait dire à un spécialiste français que les autorités japonaises ont trouvé là un moyen légal de se protéger à l’avenir face à de probables demandes d’indemnisation venant de familles d’ouvriers malades ou décédés.