La vidéo de la mort d'une femme battue par son mari provoque une vague d'indignation au Brésil

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Anaïs Huet , modifié à
Tatiane Spitzner, une Brésilienne de 29 ans, est morte le 22 juillet après une chute mortelle du quatrième étage de son immeuble. Quelques minutes avant, les images de vidéosurveillance montraient son mari la battre.

Ce sont des images difficilement soutenables auxquelles sont confrontés les Brésiliens depuis quelques jours. Tatiane Spitzner, une avocate de 29 ans est morte le 22 juillet dernier après une chute depuis le balcon de l'appartement où elle vivait avec son mari, Luís Felipe Manvailer, professeur et biologiste de 32 ans. Les images de vidéosurveillance, diffusées le 5 août à la télévision brésilienne, montrent son mari la violenter et l'empêcher de s'échapper.

Poussée, frappée, traînée de force. Sur cette vidéo, on peut d'abord voir la jeune femme frappée par son mari dans leur voiture, garée dans la rue, à Guarapuava, une ville de l'Etat de Paranà, dans le sud du pays. Les caméras filment ensuite le parking de l'immeuble où vit le couple. On peut y voir Tatiane pourchassée par son mari. Ce dernier finit par la bloquer contre la voiture, ses mains agrippant son cou. Arrivent ensuite les images de l'ascenseur de l'immeuble. La jeune femme de 29 ans tente à nouveau de s'enfuir, mais elle est à nouveau retenue par son mari, qui la pousse violemment contre les parois de l'ascenseur. Elle est ensuite traînée de force vers leur appartement. A cet instant, l'horloge de la caméra de surveillance indique 2h40 du matin.

Attention, les images ci-dessous sont choquantes :

Une chute du quatrième étage. Arrivée dans l'appartement, Tatiane fait une chute mortelle du quatrième étage. Les caméras de surveillance de la rue filment son corps tomber sur le trottoir. Il est 2h57. Trois minutes plus tard, retour sur la caméra de l'ascenseur de l'immeuble. On y voit Luís Felipe Manvailer, la chemise tâchée de sang, traîner le corps sans vie de Tatiane. Des images visibles sur Youtube mais que nous avons choisi de ne pas montrer. Quelques instants plus tard, le mari prend le temps de se changer, et commencer à nettoyer les traces de sang dans l'ascenseur avant de prendre la fuite. C'est alors que la police arrive et l'arrête. Luís Felipe Manvailer nie avoir tué sa femme, et évoque un suicide. 

" C'est un homme ordinaire, professeur d'université qui fréquente les bars, les cafés. Un type comme toi "

Pourquoi personne n'est intervenu ? Ces images, très partagées et commentées sur les réseaux sociaux, ont profondément choqué le Brésil, où les violences faites aux femmes sont répandues. La population s'émeut de l'absence de réaction de ceux qui auraient pu assister aux coups portés par Luís Felipe Manvailer, ou aux cris de Tatiane Spitzner. En effet, pendant la vingtaine de minutes qu'a duré la scène, pas une seule personne n'est intervenue pour arrêter ce déchaînement de violence. 

"Une société patriarcale qui normalise le sexisme". D'autres internautes soulignent que la violence conjugale n'est ni une rareté, ni réservée aux classes sociales défavorisées. "Il faut se rappeler que Luís Felipe Manvailer n'est pas un stéréotype de psychopathe de la façon dont on les voit généralement décrits. C'est un homme ordinaire, professeur d'université qui fréquente les bars, les cafés. Qui fait des déclarations à sa femme sur les réseaux sociaux. Qui participe au groupe Whatsapp de la famille. Un type comme toi, avec qui on va prendre une bière. Ce problème est en fait une construction sociale. Luís Felipe n'est pas une exception. Il est le symptôme d'une société patriarcale qui rendre normaux des comportements sexistes", a partagé Marcela Vierkorn, une internaute brésilienne.

Sur Instagram, la sœur de Tatiane, Luana, a créé un compte (@todosportatiane, tous pour Tatiane) appelant à la justice pour la jeune femme. Vendredi matin, il comptait près de 120.000 abonnés. Au Brésil, une femme meurt toutes les 90 minutes, cinq femmes sont battues toutes les deux minutes, et le taux de féminicides est l'un des plus élevés au monde, selon les données du gouvernement.