La vidéo-choc d’une bavure américaine

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Europe1.fr (avec agences) , modifié à
Un site a mis en ligne lundi la vidéo d’un raid militaire qui a couté la vie à 2 employés de Reuters.

La vidéo circule sur le net et a déjà été visionnée plus de 700.000 fois depuis sa mise en ligne lundi par le site internet Wikileaks.org, spécialiste des contenus confidentiels. Les images, filmées depuis un hélicoptère Apache de l’armée américaine, montrent un raid de l’armée américaine en juillet 2007 qui a provoqué la mort de nombreuses personnes, dont deux journalistes.

Bavure, la preuve par l’image

Les deux reporters se trouvaient parmi un groupe d’hommes circulant dans une rue de Bagdad. Les pilotes de l'Apache, qui semblent prendre la caméra d'un des journalistes pour un lance-grenade RPG, affirment avoir repéré "cinq ou six individus avec des AK-47" et demandent la permission "d'ouvrir le feu", ce qu'ils obtiennent presque instantanément.

Après la fusillade, l'un des pilotes relève qu'il y a désormais "un tas de cadavres" sur place. "Regarde moi ces pourritures crevées", dit l'un. Un autre réplique : "chouette". Mais rien de prouve que ces hommes étaient des insurgés. Et parmi eux se trouvaient même deux employés de l’agence Reuters, Namir Noor-Eldeen et Saeed Chmagh. La vidéo est disponible sur le site de Wikileak, mais certaines images peuvent choquer la sensibilité des spectateurs.

Pour l’armée, rien de nouveau

Un responsable de l'armée américaine a commenté lundi la diffusion de cette vidéo, qui selon lui "n'apporte pas d'information nouvelle, seulement des images".

"Depuis 2007, nous avons reconnu tout ce qui est dans la vidéo", a dit le responsable sous le couvert de l'anonymat. "Nous avons reconnu que le raid avait eu lieu et que deux employés de Reuters (avaient été tués)", a-t-il ajouté.

Les risques du journalisme de guerre

Dans un communiqué, le rédacteur en chef de Reuters David Schlesinger a affirmé que la mort des deux employés de l'agence était "tragique et emblématique des dangers extrêmes liés à la couverture des zones de guerre". "La vidéo diffusée aujourd'hui via Wikileaks est la preuve des dangers liés au journalisme de guerre et des tragédies qui peuvent en découler", a-t-il ajouté.

Après la diffusion de la vidéo, la responsable aux Etats-Unis de l'organisation Reporters sans Frontières, Clothilde Le Coz, a appelé le Pentagone a faire preuve de "plus de transparence" dans cette affaire et a demandé à l'administration Obama de "montrer son respect de la justice".

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