La Syrie prête à montrer ses armes chimiques

Bachar al-Assad est prêt à suivre le plan de son allié russe.
Bachar al-Assad est prêt à suivre le plan de son allié russe. © Reuters
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Benoist Pasteau, Maud Descamps et Sophie Amsili avec agences , modifié à
ESSENTIEL - La réunion d'urgence du Conseil de sécurité voulue par les Russes contre le projet français de résolution a été annulée.

#L'ESSENTIEL

- La Russie a proposé, lundi, de mettre sous contrôle international et de détruire les armes chimiques détenues par la Syrie. Damas a accepté mardi la proposition de son allié.

- La France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis se sont dit prêts à étudier la proposition russe. La France a annoncé qu'elle souhaitait que le contrôle des armes et leur destruction soient encadrés par une résolution de l'ONU. La Russie se dit, elle, réticente à une résolution contraignante des Nations unies.

- La Syrie se dit prête mardi soir à "se joindre à la Convention sur l'interdiction des armes chimiques" pour "ne plus posséder d'armes chimiques".

- La réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU a été annulée.

#La proposition russe

barack obama et vladimir poutine au G20 - 961-641 photo légende

© REUTERS

La Russie propose de contrôler les armes. Lundi, la Russie a créé la surprise en proposant de placer l'arsenal chimique détenu par le régime syrien sous contrôle international. Une proposition que Damas a acceptée mardi,"saluant" une initiative "se fondant sur les inquiétudes des dirigeants russes concernant la vie de nos citoyens et la sécurité de notre pays" et "la sagesse des dirigeants russes qui essaient d'empêcher une agression américaine contre notre peuple".
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Obama, Hollande et Cameron d'accord pour étudier l'idée. Dans la foulée, le président des États-Unis Barack Obama, François Hollande et David Cameron sont tombés d'accord pour examiner à l'ONU la proposition russe sur les armes chimiques syriennes. Selon un responsable américain, s'exprimant sous couvert d'anonymat, Barack Obama s'est entretenu séparément mardi au téléphone avec François Hollande et David Cameron, et ils ont décidé "en consultation avec la Russie et la Chine, d'examiner sérieusement la viabilité de la proposition russe".

Un plan "difficile à réaliser". Répertorier les armes chimiques syriennes puis les démanteler "est une bonne idée mais difficile à réaliser", selon Amy Smithson, experte en armes de destruction massives. Surtout qu'elles seraient stockées dans des dizaines d'endroits différents à travers le pays, et que le stock syrien est parmi les plus importants au monde, estimé à "plus de 1.000 tonnes" selon les services français.

>> Lire aussi : "Une bonne idée mais difficile à réaliser"

 

#La résolution voulue par la France

La France veut présenter une résolution...  Après l'acceptation par Damas de la proposition de Moscou, la France a néanmoins exigé des garanties. Paris ne veut écarter pour l'heure aucune option. Ainsi, Laurent Fabius a annoncé mardi matin que "la France proposera aujourd'hui à ses partenaires du Conseil de sécurité un projet de résolution sous chapitre 7" autorisant un recours à la force en cas de manquement aux obligations, a-t-il déclaré.
>> Lire aussi : Ce qu'il dit la résolution présentée par la France

... mais la Russie n'y est pas favorable. "J'ai cru comprendre que les Russes, à ce stade, n'étaient pas nécessairement enthousiastes, et j'emploie un euphémisme, pour encadrer tout cela dans une résolution contraignante des Nations unies", a ajouté Laurent Fabius devant la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale après s'être entretenu par téléphone avec son homologue russe Sergueï Lavrov. Celui-ci a même jugé "inacceptable" le projet français, selon un communiqué publié mardi : "M. Lavrov a souligné que la proposition de la France d'approuver une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU (...) en conférant aux autorités syriennes la responsabilité pour une possible utilisation d'armes chimiques était inacceptable".

#L'espoir d'une solution diplomatique

La Syrie se dit prête à montrer ses armes chimiques. Mardi soir, la Syrie a assuré qu'elle voulait adhérer à la convention internationale qui interdit les armes chimiques et renoncer à toutes les armes de ce type en sa possession. "Nous sommes prêts à remplir nos obligations aux termes de cette convention, notamment à donner toutes les informations sur ces armes", a déclaré le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid al Moualem.  "Nous sommes prêts à dire où se trouvent les armes chimiques, à arrêter leur production, à montrer les sites concernés aux représentants de la Russie et d'autres membres des Nations unies", a-t-il ajouté.

Pas de réunion d'urgence au Conseil de sécurité. Peu après cette annonce, les Russes, qui avaient demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU pour discuter du projet français de résolution, ont retiré leur demande. La réunion a donc été annulée.

...mais un Conseil à l'Elysée. Parallèlement, François Hollande a décidé de convoquer mercredi à 8 heures "un Conseil restreint de défense" sur le dossier syrien, a annoncé mardi soir l'Elysée. La France s'est également dite prête à modifier, dans certaines limites, son projet de résolution et souhaité pourvoir en discuter avec la Russie. "Nous sommes prêts à amender notre projet dès lors que sont préservés ses grands principes et objectifs", a affirmé mardi soir à l'AFP le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Philippe Lalliot.

Pause au Sénat américain. L'option militaire s'éloigne également aux Etats-Unis : le président Barack Obama a demandé aux sénateurs de repousser au moins à la semaine prochaine tout vote sur une intervention en Syrie, le temps que Washington et Moscou s'accordent sur la meilleure façon de faire céder à Damas le contrôle de ses armes chimiques. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry doit ainsi  rencontrer jeudi son homologue russe Sergueï Lavrov à Genève en Suisse.