La Slovaquie, terre d’asile des délocalisés

La Slovaquie n’est pas historiquement un pays constructeur d’automobile mais sa situation centrale en Europe et ses faibles coûts du travail ont attiré les principales marques.
La Slovaquie n’est pas historiquement un pays constructeur d’automobile mais sa situation centrale en Europe et ses faibles coûts du travail ont attiré les principales marques. © REUTERS
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avec Mathieu Charrier , modifié à
Le secteur automobile y multiplie les usines, attiré par un salaire moyen de 780 euros.

Les candidats à l’élection présidentielle multiplient les propositions pour mettre un frein aux délocalisations et tenter de réindustrialiser l’Hexagone. Mais le mouvement est déjà bien engagé : Europe 1 s'est rendu en Slovaquie, l’une des destinations privilégiées des délocalisations au sein de l’Union européenne, mais où l'inquiétude est là aussi.

Trnava, c'est la capitale slovaque de l’automobile. PSA, Kia ou encore Volkswagen : les principaux constructeurs d’automobiles y ont installé leurs usines, attirés par une main d’œuvre qualifiée mais payée en moyenne deux fois moins cher qu’en France.

Salaire moyen : 780 euros

Miroslav vient ainsi de signer un contrat chez PSA après deux ans de recherche d’emploi malgré une formation de mécanicien. "Je suis content, je viens de signer, c’est bon. Je vais travailler dans l’atelier de peinture", sourit-il. Son salaire ? "634 euros. Ce n’est pas beaucoup mais je suis seul, je vis chez mes parents, ça devrait aller. Jusque-là, je ne trouvais pas de contrat, donc je suis content", poursuit Miroslav.

Le salaire moyen est de 780 euros nets, une rémunération qui a doublé en cinq ans. Toute la région s’est donc transformée, mille logements sont sortis de terre et le prix de l’immobilier a doublé.

"Je comprends que les Français soient en colère"

Malgré tout, pour Slavo, qui travaille depuis le début pour PSA, il n’y a que du positif : "grâce au travail que j’ai ici, j’ai pu m’acheter un petit appartement que je rembourse 150 euros tous les mois. Et puis j’ai accès à la sécurité sociale, donc je suis content".

"Mais je comprends que les Français soient en colère. Nous aussi, on commence à avoir peur que nos emplois partent vers l’Inde et la Chine", ajoute-t-il. Si Slavo est inquiet, c’est qu’il a en mémoire les déboires d’un collègue dont l’usine a fermé, délocalisée en Chine : la Slovaquie connaît à son tour les délocalisations.

Les sous-traitants suivent les usines

La présence de ces usines automobiles est d’autant plus importante qu’elles amènent avec elles de nombreux sous-traitants, dont de très nombreux Français. L’entreprise Pernoud s’est ainsi installée dans la région et Olivier Laplace est très fier de montrer le pare-choc arrière d’une voiture française fabriquée ici : "c’est un élément de spoiler arrière de la 208". 

En 2004, quand Peugeot s’est installé sur place, l’entreprise a dû suivre pour ne pas perdre son contrat. "Comme tout constructeur automobile, Peugeot ne laisse pas beaucoup de choix à ses sous-traitants. Les équipementiers sont obligés de suivre les constructeurs là où ils vont s’implanter", confirme Olivier Laplace.

Résultat, dans cette entreprise, 20 nouveaux emplois ont été créés, tous des Slovaques hormis le patron si bien que le secteur automobile en Slovaquie représente 200.000 emplois. Mais pour préparer l’avenir la ville de Trnava mise déjà sur un nouveau secteur : l’informatique et les nouvelles technologies. Panasonic a déjà prévu d’y implanter une nouvelle usine.