La révélation Paul Ryan

Paul Ryan, colistier de Mitt Romney, à la convention républicaine de Tampa.
Paul Ryan, colistier de Mitt Romney, à la convention républicaine de Tampa. © REUTERS
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Olivier O’Mahony , modifié à
Si Mitt Romney est élu président des Etats-Unis le 6 novembre prochain, il pourra dire un grand merci à son colistier Paul Ryan.

Mercredi 29 août, ce jeune député de 42 ans a enflammé les milliers de délégués réunis à la convention républicaine de Tampa. Ce soir-là, Paul-le-tchatcheur avait tout ce qui manque à Mitt-le-coincé. La fougue de la jeunesse, une silhouette sportive sculptée par un programme fitness intensif dont il rafole (le P90X), des convictions solidement affichées à droite...

La relève, c’est lui !

Parmi les moments forts de son discours de 37 minutes, on retiendra la petite larme qu’il a versée en évoquant sa mère, “sa référence”. Mais aussi la blague sur les “musiques d’ascenseur” qu’écouterait Romney sur son iPod. “Nous ne sommes pas de la même génération et c’est ce qui fait notre force”, a-t-il lancé devant un parterre hilare et survolté. Ses références à lui, ce sont AC/DC et Led Zeppelin. Qu’on se le dise : le candidat à la vice-présidence des Etats-Unis est un homme branché et moderne. La relève, c’est lui !

“Un p’tit gars du Wisconsin”

Rien ne le prédestinait à jouer ce rôle-là. Paul Ryan habite à Janesville, sa ville natale de 63 000 habitants, avec sa femme et ses trois enfants, dans une belle maison géorgienne classée aux monuments historiques. C’est “un p’tit gars du Wisconsin”, Etat qui penche plutôt côté démocrate. Ses parents, des notables, sont aussi bien des fans de Reagan que du député démocrate du coin, Les Aspin (qui fut ministre de la défense de Clinton). Il est l’héritier d’une prospère entreprise familiale de construction, la Ryan Incorporated Central créee en 1884 par son arrière grand-père.

En 1986, un drame l’amène à se passionner pour la politique. Il a 16 ans et découvre un beau matin son père terrassé dans son lit par une crise cardiaque. “A partir de ce jour, dira-t-il plus tard, j’ai compris que dans la vie, soit on coule, soit on nage. Et j’ai nagé”. Comprendre : ne compter que sur ses propres forces, ne rien attendre de l'Etat.

Elu “plus grand lèche-cul du bahut” 

Le jeune Paul fait son deuil en se plongeant dans des livres d’économie et des traités politiques, tendance ultra-conservatrice. A 18 ans, il est élu “plus grand lèche-cul du bahut” par ses camarades de lycée, qui saluent son assiduité aux clubs de réflexion où viennent s’exprimer les gens qui comptent. A 28 ans, il entre au Congrès comme l’un des plus jeunes députés américains (facilement réelu depuis). Là, il se fait apprécier par son entregent, son accessibilité et sa simplicité. Mais on le remarque aussi pour ses positions réactionnaires sur l’avortement (“un crime”, punissable même en cas de viol) et radicales en matière économique et fiscale. Il propose carrément de privatiser la sécurité sociale. Cette idée controversée fait pourtant son chemin. Paul Ryan parvient à se faire élire président de la commission du budget au Congrès en janvier 2011. Il devient ainsi l’un des hommes fort du parlement américain qui vient de basculer dans le camp des Républicains. Obama fait de lui son principal opposant. Il tire à boulets rouges sur lui... Voilà qui plaît à Mitt Romney, suspecté de mollesse dans ses convictions.

Une étoile est née

Début août, celui-ci nomme Paul Ryan colistier dans l’espoir de mobiliser sa base conservatrice. Jeudi dernier, il entame son discours de clôture de la convention en lui rendant un long hommage appuyé. Les derniers sondages semblent approuver sa démarche : dimanche dernier, Romney remontait dans les sondages à 46,3% des intentions de vote, contre 46,4% pour Obama le favori, selon l’institut Real Clear Politics... Une étoile est née : même en cas de défaite, Ryan est bien parti pour se présenter en 2016. En tant que candidat à la présidence, cette fois.