La police américaine privée de lance-grenades

Policiers lourdement équipés aux Etats-Unis - 1280x640
Barack Obama a annoncé des mesures pour limiter la militarisation des polices locales américaines. © SCOTT OLSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
  • Copié
avec AFP
Barack Obama a annoncé que l’utilisation d’équipements militaires par la police américaine allait être limitée et encadrée.

Souvenez-vous : en août 2014, ces images avaient marqué les esprits : des policiers armés de fusils d’assaut et juchés sur des véhicules blindés faisaient face à la foule protestant contre la mort d’un jeune Noir tué à Ferguson, dans le Missouri. Ces clichés avaient aussi relancé le débat sur la militarisation excessive de la police aux Etats-Unis. Lundi, le président Barack Obama, désireux d’apaiser les tensions, a annoncé qu’il allait limiter et encadrer la militarisation de la police américaine.

"Une force d’occupation". Ces derniers mois, le pays a été marqué par plusieurs bavures ayant conduit à la mort de jeunes Noirs, tués par des policiers bien souvent blancs. Fin avril, c’est ainsi la mort de Freddie Gray, tué après une interpellation musclée à Baltimore, qui a conduit à des manifestations parfois violentes.

Autant d’affaires qui illustrent le fossé entre la population civile et sa police, qui bénéficie de programmes qui lui permettent de récupérer des équipements militaires. Le Pentagone recycle en effet le matériel militaire en transférant aux forces polices qui en font la demande des jumelles à vision nocturne, des véhicules blindés ou encore des armes et des munitions. "Nous avons vu combien des équipements militaires pouvaient parfois donner l’impression aux gens d’être en présence d’une force d’occupation plutôt que d’une force qui fait partie de leur communauté et qui est là pour les protéger", a constaté lundi Barack Obama, en visite à Camden, dans le New Jersey.

Plus de véhicules blindés ni de baïonnettes. S’appuyant sur les conclusions d’un groupe de travail mis en place en janvier, le président américain a annoncé l’interdiction de "certains équipements conçus pour le champ de bataille qui n’ont pas leur place entre les mains de la police locale". Exit donc les véhicules blindés à chenilles, les armes de très gros calibre ou encore les uniformes de camouflage. Sur la liste des équipements interdits figurent aussi les lance-grenades et même les baïonnettes, précise CNN.

Une autre liste est prévue pour le matériel plus courant, comme les drones et les équipements de maintien de l’ordre, dont les conditions d’acquisition et d’utilisation seront plus strictes. Les polices locales devront aussi fournir plus d’informations pour que le gouvernement puisse mieux suivre l’utilisation de ce matériel militaire recyclé. Elles devront aussi être mieux formées à leur utilisation.

Camden, un exemple pour les polices du pays ? Quant au lieu où Barack Obama a fait ces annonces, il n’a pas été choisi au hasard. Camden, située en banlieue de Philadelphie, est connue pour être l’une des villes les plus violentes des Etats-Unis. Elle est aussi devenue un laboratoire pour la réforme de la police : depuis deux ans, le nombre d’agents sur le terrain a augmenté et ceux-ci font des efforts pour mieux connaître les quartiers dans lesquels ils travaillent, en participant à des matchs de basket ou des ateliers de lecture. Ces efforts paient : le nombre de délits avec violence a baissé de 24%, une réussite que Barack Obama aimerait bien voir imitée dans d’autres villes des Etats-Unis.