La lettre qui devait pousser Martin Luther King au suicide

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COLD CASE - Une historienne a exhumé une lettre des archives du FBI. Adressée à Martin Luther King, elle l'incite au suicide.

Une lettre de 1964 resurgit cinquante ans plus tard. C'est une lettre dactylographiée, quelques lignes d'une correspondance qui pourrait paraître banale. Sauf que cette lettre n'a rien d'un échange épistolaire amical. Exhumée des archives du FBI par une historienne de la prestigieuse université de Yale et publiée par le New York Times Magazine dans son édition en ligne, elle s'adresse au célèbre pasteur et apôtre de la lutte pour les droits civiques des Afro-américains aux Etats-Unis, Martin Luther King. La missive, datée de 1964, est sans équivoque. Son existence était connue depuis les années 70, mais sa version non censurée n'avait jamais été publiée.

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Des mots extrêmement violents. "King, votre bassesse et votre comportement anormal m'enlèvent toute envie de rendre grâce à votre nom en plaçant un Monsieur ou un Révérend devant lui", peut-on lire d'emblée. La suite est tout aussi corsée : "vous êtes un immense imposteur, un imposteur diabolique et vicieux", poursuit la lettre. Au fil des lignes, son auteur affirme avoir des informations sur la vie privée et extra-conjugale de Martin Luther King. Une vie faite "d'orgies sexuelles", "d'actes adultères" et de "conduite immorale", symptômes, selon le corbeau, d'une "nature perverse et répugnante". Le corbeau se mue ensuite en maître-chanteur, puisqu'il menace de dévoiler ces écarts de conduite, avant de conclure : " Il ne vous reste plus qu'une chose à faire, vous savez laquelle !" Une invitation à peine voilée au suicide que le pasteur n'a pas suivie.

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Hoover voulait faire tomber King. A l'époque, Martin Luther King soupçonnait, à raison, le FBI d'être l'auteur de ce courrier, explique le magazine Ijsberg. Et pour cause, son inamovible président de l'époque, J. Edgar Hoover, tentait par tous les moyens de discréditer le pasteur. Slate rapporte notamment que les officiers du bureau fédéral avaient décidé de lui mettre la pression suite à son célèbre discours "I have a dream" de 1963. La note de service ne laisse que peu de doutes quant aux intentions des fédéraux : "Nous devons le considérer désormais, si par le passé nous ne l’avons pas fait, comme le nègre le plus dangereux du futur de cette nation." Le FBI a effectivement espionné Martin Luther King à son bureau et dans ses chambres d'hôtel. Le bureau fédéral avait transmis les informations à la presse, qui n'a pourtant jamais sorti l'histoire. Une dizaine d'années plus tard, la commission sénatoriale Church avait confirmé que le FBI menait une enquête sur la vie de l'icône américaine, assassiné en 1968.

>> La lettre du FBI adressée à Martin Luther King (en anglais)

Lettre

© Capture d'écran des Archives Nationales de College Park, Maryland