La Francophonie, c'est quoi ?

Francophonie, KAREN MINASYAN / AFP 1280
© KAREN MINASYAN / AFP
  • Copié
Grégoire Duhourcau
Alors que le 17ème sommet de la Francophonie s'est tenu la semaine dernière en Arménie, Wendy Bouchard, entourée de spécialistes, s'est intéressée sur Europe 1 à la francophonie en essayant d'en définir les contours.
LE TOUR DE LA QUESTION

Le 17ème sommet de la Francophonie s'est tenu à Erevan, en Arménie, la semaine dernière. Un sommet au cours duquel Emmanuel Macron s'est exprimé, appelant notamment à "réinventer" la Francophonie. "Le président a rappelé que la Francophonie est basée sur la langue française. Ça paraît une évidence, mais on l'avait un peu perdu de vue", estime le linguiste Bernard Cerquiglini et recteur honoraire de l'Agence universitaire de la Francophonie, au micro de Wendy Bouchard sur Europe 1.

"Plus que ce grand théâtre solennel", la francophonie "c'est de la coopération concrète" entre les 84 États et gouvernements faisant partie de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), poursuit-il. "Pour moi, la francophonie, ce sont des bourses à des étudiants, ce sont des laboratoires subventionnés, c’est de la formation des maîtres…" "Monter des programmes, soutenir l'enseignement de la langue...", voilà selon Bernard Cerquiglini, "le fondement de la francophonie".

"Il ne faut pas que la langue française soit limitée à la France"

Des principes résumés par le Belge Bernard Fripiat, historien de la langue française, pour qui, la francophonie a pour objectif de "défendre la langue française". "Il ne faut pas que la langue française soit limitée à la France, c'est ça le principe", plaide-t-il. "L'Académie française décide de la langue (...) et l'Académie est limitée à la France. Ça, c'est dommage", regrette toutefois Bernard Fripiat pour qui "il faudrait" que ce soit l'Académie francophone et non française. Il défend malgré tout "l'idée que l'Académie décide" car cela "stabilise la langue".

>> De 9h à 11h, c’est le tour de la question avec Wendy Bouchard. Retrouvez le replay de l’émission ici

Les Français "ne peuvent plus donner des directives et imposer leurs normes" concernant leur propre langue, précise néanmoins Bernard Cerquiglini. Le français est effectivement parlé par 300 millions de personnes à travers le monde, ce qui signifie que cette langue "appartient à tout le monde" et que "les Français sont minoritaires en francophonie".

"La Francophonie, c'est politique et rien d'autre"

Antoine Glaser, ancien rédacteur en chef de Lettre du continent et spécialiste de l'Afrique, a pour sa part réagi à la nomination de Louise Mushikiwabo, ministre rwandaise des Affaires étrangères, à la tête de la Francophonie. "La Francophonie, c'est politique et rien d'autre", juge-t-il. Pour lui, c'est l'illustration que la Francophonie est perçue par la France, "en tout cas depuis l'Elysée", comme "une variable d'ajustement de la politique africaine de la France".

Cette nomination cache "deux messages", analyse-t-il. "Le premier message c'est : 'On va se réconcilier avec le Rwanda.' Parce qu'il y a eu le clash après le génocide de 1994 et il n'y a toujours pas d'ambassadeur de France au Rwanda. La deuxième chose c'est un message qui dit : 'Je sors de la Françafrique. Paul Kagame, le président rwandais, est président de l'Union africaine. Je m'adresse désormais à l'Union africaine.'"