Burkina Faso : la France reconnaît avoir aidé Compaoré à fuir

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avec AFP , modifié à
DIPLOMATIE - François Hollande a reconnu que la France avait contribué, "sans y participer", au transfert de l'ex-président burkinabè vers la Côte d'Ivoire.

Depuis la chute de Blaise Compaoré le 30 octobre dernier, la France et François Hollande se prêtent à un difficile exercice d'équilibriste. A savoir éviter d'être taxé d'interventionnisme et d'entretenir le "pré carré" français" de la "Francafrique", tout en préservant effectivement ses alliés et ses intérêts. En visite au Canada, le président français a reconnu que la France, très discrète depuis le début de la crise politique au "pays des hommes intègres", avait contribué "sans y participer" directement au transfert de Blaise Compaoré vers la Côte d'Ivoire. Paris "a veillé à évacuer" l'ancien président "en mettant à disposition tous les moyens qui pouvaient être utiles", a indiqué François Hollande lors d'une conférence de presse.

Le départ de Blaise Compaoré était inéluctable "pour éviter qu'il y ait des drames, des convulsions", ou même un "bain de sang", selon le président français. A la question de savoir si la France avait mis à disposition un hélicoptère pour cette opération, le président français a expliqué que la France avec les chefs d'Etat dans la région avait facilité l'évacuation du "président qui n'était plus président" du Burkina Faso.

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Une lettre début octobre. En réalité, l'Elysée est impliqué depuis plusieurs semaines sur le dossier burkinabè. François Hollande avait par exemple envoyé une lettre officielle à son homologue au début du mois d'octobre pour le convaincre de ne pas engager la réforme constitutionnelle censée lui permettre de se représenter, mais qui a finalement provoqué la révolte populaire et précipité sa chute. 

Des liens forts entre la France et le Burkina Faso. Le président français a également mis en garde l'actuel pouvoir militaire en place au Burkina Faso, son leader le lieutenant-colonel Zida en tête, en rappelant que c'était "au pouvoir civil" d'organiser les élections". Le Quai d'Orsay s'est fendu d'un communiqué allant dans le même sens. Avec 3.500 personnes, les Français sont la plus grande communauté étrangère du pays. Outre la diaspora, une quarantaine de filiales d'entreprises sont installées au Burkina Faso. Sans compter que le Burkina est un point-clé du dispositif militaire et stratégique de la France dans sa lutte anti-terroriste au Sahel.

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En résidence au "Giscardium". Comme un symbole, un dernier détail achève de souligner les liens profonds qui demeurent entre Paris et l'Afrique de l'Ouest. Blaise Compaoré et son épouse se sont réfugiés à Yamoussoukro, la capitale administrative ivoirienne, plus précisément dans un palais surnommé ... le "Giscardium", du nom de l'ancien président français qui l'avait inauguré dans les années 70, sous la mandature de Felix Houphouët Boigny, grand ami de la France.