Nigeria : la folie meurtrière de Boko Haram

© AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Alors que le monde avait les yeux rivés sur les attentats perpétrés en France, le groupe islamiste Boko Haram a commis, dans une relative discrétion, l’une des attaques les plus meurtrières de son histoire. Le chiffre de 2.000 morts est évoqué. 

2.000 morts. Les chiffres, qui circulent, sans être encore confirmés, donnent le tournis. Le 8 janvier, 16 villages du nord-est du Nigeria ont été rayés de la carte par Boko Haram. L’armée nigériane a appelé à une coopération internationale contre le groupe terroriste. 

>> LIRE AUSSI : 16 villes et villages “entièrement brûlés” par Boko Haram” 

L’attaque la plus meurtrière de Boko Haram. Mercredi 7 janvier, Boko Haram sème la terreur dans le nord-est du pays en brûlant entièrement 16 localités sur les rives du lac Tchad. Décrire l’attaque comme “la plus meurtrière” jamais perpétrée par Boko Haram est “assez exact”, a affirmé le porte-parole du ministère de la Défense nigériane. 

Le récit d’un habitant. “Tout ce que j’entendais, c’était des tirs d’armes à feu, des explosions, des hurlements, et les “Allah Akbar” des combattants de Boko Haram”, a raconté Yanaye Grema, un pêcheur de 38 ans, à l’AFP. Cet habitant s’est terré trois jours pendant que Boko Haram ravageait sa ville de Baga. “Chaque nuit, j’escaladais la palissade de ma maison pour avaler rapidement des graines de manioc, boire de l’eau, et ensuite, je retournais dans ma cachette.”  

>> LIRE AUSSI : Nigeria : au moins 185 personnes enlevées par Boko Haram

C’est en sortant de sa cachette que le pêcheur a réalisé l’ampleur du drame : “sur cinq kilomètres, je n’ai pas arrêté de marcher sur des cadavres, jusqu’à ce que j’arrive au village de Malam Karanti, qui était également désert et brûlé”.  L’homme a ensuite marché 65 kilomètres jusqu’au village de Kekeno, où il a pu prendre un bus pour Maiduguri et avoir la vie sauve. 

Baga, un enjeu stratégique. Parmi les villes détruites, il y a donc Baga, un important carrefour commercial qui abrite une base militaire. La ville est tombée aux mains des terroristes samedi, après plusieurs heures de combat. En prenant Baga, les terroristes se sont aussi emparés de la base de la Force multinationale (MNJTF), censée regrouper des soldats nigérians, nigériens et tchadien dans la lutte contre Boko Haram. 

>> A VOIR : Nigeria : la terreur Boko Haram 

Boko Haram derrière les attentats-suicides ? Dimanche, deux femmes kamikazes se sont fait exploser, tuant quatre personnes, sur un marché bondé de Potiskum, dans le nord-est du Nigeria. C’est la plus âgée qui a déclenché sa bombe tandis que la seconde, qui aurait seulement une quinzaine d’années, terrorisée, a tenté de partir mais a aussi explosé.

>> LIRE AUSSI : sur la piste de Boko Haram 

Samedi, l’horreur avait franchi un nouveau pallier puisque c’est une fillette d’une dizaine d’années qui s’était transformée en bombe humaine sur le marché de Maiduguri. Au moins 19 personnes auraient péri. 

Si ces attaques n’ont pas été revendiquées par Boko Haram, le groupe islamiste est fortement soupçonné d’être derrière. La bombe de la fillette a, par exemple, été déclenchée à distance, ce qui est cohérent avec le mode opératoire de Boko Haram dans d’autres attaques. 

>> LIRE AUSSI : Boko Haram proclame un “califat islamique” au Nigéria 

Un appel à la coopération international. L’armée nigériane a appelé dimanche à la coopération internationale face à Boko Haram. "L'attaque sur la ville (de Baga) par ces chiens et leurs méfaits depuis le 3 janvier 2015 devraient convaincre tous les gens bien intentionnés à travers le monde que Boko Haram représente le mal que nous devons éliminer tous ensemble, plutôt que de critiquer les personnes qui essayent de les contrer", a déclaré samedi le porte-parole du ministère de la Défense, Chris Olukolade. 

L'armée nigériane, la plus grande d'Afrique de l'Ouest, est régulièrement sous le feu des critiques pour son incapacité à mettre fin à l'insurrection de Boko Haram, accusée de violations des droits de l'Homme.