La dissuasion nucléaire française, mode d'emploi

© AFP/MARTIN BUREAU
  • Copié
, modifié à
La position de François Hollande sur la force de frappe nucléaire française est attendue lors d'un discours. Europe 1 vous (ré)explique le B.A-ba.

François Hollande tient jeudi après-midi à Istres, dans les Bouches-du-Rhône, un discours sur la dissuasion nucléaire. Un exercice très attendu puisque tous les présidents de la République depuis Charles de Gaulle se sont exprimés sur ce sujet au cours de leur mandat. François Hollande a prévu de plaider pour une modernisation de la force de dissuasion et un effort de transparence. Mais au fait, la dissuasion nucléaire, comment ça marche ?

Qu'est-ce que la dissuasion nucléaire ? Elle repose sur le principe de la peur, ce qu'on appelle la dissuasion du faible au fort. Les ennemis de la France doivent craindre d'être bombardés par une ogive nucléaire s'ils s'en prennent à notre pays. Pour cela, la France joue sur un équilibre, appelé la stricte suffisance, comme l'explique Alternatives internationales. L'Hexagone n'a pas l'intention d'agresser quiconque avec l'arme nucléaire qu'elle maîtrise depuis les années 60. Mais la France a besoin d'un minimum de bombes pour faire comprendre qu'elle est en mesure de l'utiliser en cas d'ultime recours. Ce sont donc 300 bombes nucléaires qui sont aujourd'hui stockées pour maintenir la dissuasion nucléaire.

>> LIRE AUSSI - Le mystère des codes nucléaires

François Hollande, personnage-clé. Si les mots de François Hollande seront scrutés à la loupe, c'est que le président de la République fait personnellement partie de la dissuasion nucléaire. C'est à lui que revient le dernier geste d'appuyer sur le bouton pour lancer une bombe nucléaire, s'il fallait arriver à une telle extrémité. Pour maintenir l'intérêt de la dissuasion nucléaire, il faut que les ennemis de la France soient intimement persuadés que la main du président ne flanchera pas au dernier moment.

Comment lance-t-on une bombe nucléaire ? Dans l'histoire française, jamais une bombe nucléaire n'a été lâchée pour riposter à une attaque ennemie. Mais le protocole est bien rodé. Pour tirer, des avions avec des missiles très précis ont pour rôle d'adresser un ultime avertissement à un agresseur potentiel pour qu'il comprenne qu'il a dépassé la ligne rouge. Après ce dernier signal d'alerte, les sous-marins nucléaires cachés au fond des océans lanceront des missiles de plusieurs fois la puissance d'Hiroshima, jusqu'à 8000 kilomètres de leur position.

Tout cet arsenal coûte environ 3,5 milliards d'euros par an, soit 12% du budget de la Défense ou 0,9% du budget total de l'Etat.