La DGSE aurait projeté d’assassiner Abou Hamza

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Frédéric Frangeul avec Alain Acco , modifié à
Un rapport publié lundi en Grande-Bretagne évoque un plan élaboré par les services secrets français en 1998.

L’INFO. La France a-t-elle envisagé la manière forte, en 1998, pour se débarrasser de l’islamiste radical Abou Hamza ? C’est en tout cas ce qu’affirment lundi plusieurs journaux anglais, dont le Times, relayant un rapport diffusé par le groupe de pression anti-fasciste et anti-raciste "HOPE not hate". A l’époque, l'imam borgne Abou Hamza vivait à Londres et la France le soupçonnait d’avoir des liens avec Rachid Ramza, l’un des auteurs des attentats terroristes de 1995 dans le métro parisien. Face au risque d’une menace terroriste à l’approche de la Coupe du monde organisée en France, et irrités par la passivité de leurs homologues britanniques, les services secrets français auraient échafaudé un plan pour supprimer le prêcheur islamiste.

Un plan précis. Selon le plan dévoilé lundi, la Direction générale de la Sécurité extérieure, aurait imaginé l’assassinat d’Abou Hamza en faisant porter la responsabilité à un groupe néo-nazi, Combat 18. Toujours selon le plan, des menaces de mort auraient été envoyées à l’imam radical qui aurait été assassiné avec les mêmes armes que celles  utilisées par ce groupe. Un autre projet, de nature différente, lui aussi dévoilé par "HOPE no hate", prévoyait de son côté l’enlèvement d’Abou Hamza à Londres pour le ramener en France par ferry. La presse britannique ne donne pas les raisons pour lesquelles ces différents plans n’ont pas été mis à exécution.  

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Un scénario "possible et même probable". Toutefois, l’hypothèse de tels projets ne surprend pas Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE entre 2000 et 2002. "Le service de renseignement extérieur de tout pays a pour mission permanente d'étudier, préparer et tenir à disposition de l'autorité politique toutes les solutions possibles à un problème de sécurité ou à une menace dont la source se trouve à l'étranger", explique-t-il à Europe 1. "Ces solutions peuvent aller de la négociation avec les auteurs de la menace à leur élimination physique en passant par tous les stades intermédiaires, de la contre-propagande, de la neutralisation morale ou financière, des contre mesures policières et/ou judiciaires, etc.", poursuit-il. "C'est ensuite aux autorités gouvernementales de choisir, dans la panoplie qui est tenue à leur disposition, la stratégie qu'elles entendent mettre en œuvre".

Concernant Abou Hamza, Alain Chouet est formel. "Compte tenu du fort soutien financier, logistique, idéologique et médiatique fourni impunément par des imams salafistes basés à Londres aux terroristes qui frappaient alors durement la France , il est possible et même probable - puisque c'est une de leurs missions permanentes - que les services français aient étudié et mis au point diverses formes de ripostes éventuelles - y compris violentes - à proposer au gouvernement de l'époque". Pour l’ancien responsable de la DGSE, si l’hypothèse était vérifiée, les hommes de la DGSE "n'auraient fait que leur travail".

Une diversion ? Alain Chouet relève toutefois que le timing de la divulgation de ce projet intervient "au moment où les autorités britanniques ont à rendre des comptes à leur propre opinion publique et aux opinions publiques européennes quant au soutien déterminant que leurs services sont soupçonnés d'avoir fourni aux programmes d'espionnage et d'écoutes de la NSA révélés par Edouard Snowden". Et l’ancien espion de conclure : "cela sent à la fois la diversion et le réchauffé".

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