La crise catalane pourrait coûter à l'Espagne son statut de "démocratie pleine"

L'Espagne a vu sa note au classement The Economist Intelligence Unit dégringoler
L'Espagne a vu sa note au classement The Economist Intelligence Unit dégringoler © PAU BARRENA / AFP
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avec AFP , modifié à
Face aux violences qui ont émaillé le référendum du 1er octobre et le traitement réservé aux personnalités indépendantistes, l'Espagne pourrait bientôt passer du statut de "démocratie pleine" à celui de "démocratie imparfaite".

L'Espagne pourrait être rétrogradée au rang de "démocratie imparfaite" en raison de sa gestion de la crise ouverte en Catalogne par les dirigeants indépendantistes, selon le rapport annuel d'un influent centre de réflexion britannique.

De "démocratie pleine" à "démocratie imparfaite". La note de l'Espagne au classement The Economist Intelligence Unit (EIU), cité en exemple devant le Forum de Davos par le roi Felipe VI pour défendre la solidité de la démocratie espagnole, est passée de 8,30 à 8,08. Pour l'EIU, ce recul est dû à la tentative du gouvernement espagnol "d'empêcher par la force le référendum illégal sur l'indépendance de la Catalogne le 1er octobre et son traitement répressif des personnalités politiques indépendantistes".

L'Espagne reste de justesse dans la catégorie des "démocraties pleines", comprenant les pays obtenant une note supérieure à huit, mais elle pourrait en rejoindre en 2018 les rangs des "démocraties imparfaites" (note entre 6 et 8), prévient Joan Hoey, éditrice de la publication.

Des violences policières. L'Espagne a vécu à l'automne le paroxysme de sa pire crise politique en 40 ans de démocratie, quand les dirigeants indépendantistes de la Catalogne ont organisé un référendum d'autodétermination interdit par la justice, émaillé de violences policières dont les images ont fait le tour du monde. Le gouvernement central dirigé par le conservateur Mariano Rajoy a toujours assuré agir simplement pour faire respecter la loi et la Constitution.

Pour Joan Hoey, ce "légalisme exacerbé pour répondre à ce qui est essentiellement une question démocratique ou pour refuser un vote démocratique" n'est "pas vraiment la marque d'un gouvernement qui chérit pour de bon la démocratie et veut l'étendre".

Des chefs d'accusation "archaïques". Le rapport dénonce également les poursuites pour "rébellion" et "sédition", engagées contre des dirigeants indépendantistes dont quatre sont derrière les barreaux, en détention provisoire. "À notre époque, dans une démocratie moderne, voir des élus être poursuivis pour des chefs d'accusation qui semblent pour le moins archaïques (...) ne semble pas aller dans le sens de classer l'Espagne comme démocratie pleine", ajoute Joan Hoey.

Un classement de la Norvège à la Corée du Nord. L'indice est fondé sur cinq catégories : processus électoraux et pluralisme, libertés civiles, fonctionnement de l'État, participation politique, et culture politique. En fonction de leur note, les pays sont classés comme "démocratie pleine", "démocratie imparfaite", "régime hybride" ou "régime autoritaire". La Norvège est la mieux classée tandis que la Corée du Nord est tout en bas du classement.