La Corée du Nord, sa Google map et ses camps

La ville de Pyongyang est désormais très détaillée sur Google maps.
La ville de Pyongyang est désormais très détaillée sur Google maps. © Capture Google maps
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Charles Carrasco , modifié à
WEB - Le géant américain permet de visualiser plus précisément les camps grâce à une carte actualisée.

L'INFO. La Corée du Nord presque à la page ? Google vient de publier une carte actualisée de l'une des dernières dictatures communistes de la planète. Et le géant de l'informatique a poussé sa cartographie au point que l'on peut désormais identifier plus clairement les sinistres camps d'internement du régime communiste, ainsi qu'un site de recherche sur le nucléaire, objet de tensions croissantes entre Pyongyang et la communauté internationale.

"Pendant longtemps, la Corée du Nord est demeurée l'une des plus vastes zones dotées de données cartographiques limitées. Aujourd'hui nous y remédions", a affirmé sur son blog Jayanth Mysore, un responsable de Google Map Maker.

Comment a-t-elle été réalisée ? La carte a pu être composée via Google Map Maker grâce à des contributions d'internautes, un peu sur le modèle de l'encyclopédie en ligne Wikipedia et essentiellement sur la foi d'images satellite. Car encore aujourd'hui, les Nord-Coréens vivent dans l'un des pays les plus isolés et censurés au monde et n'ont donc pas accès à l'internet, si l'on excepte une infime minorité de quelques centaines de personnes parmi l'élite et les étudiants. Ils n'ont par conséquent aucun moyen de fournir des renseignements à l'étranger sur la topographie, l'urbanisation ou la localisation d'installations stratégiques. Seul bémol, il est pour l'instant impossible d'obtenir une image Google street view car pour cela, il faudrait aller sur le terrain.

Que voit-on ? La carte améliorée de Corée du Nord reste néanmoins disparate. Elle reste sommaire dans beaucoup de régions du pays mais propose un aperçu plus détaillé de Pyongyang avec des écoles, des hôpitaux, la cathédrale Changchun, un marché et le Moranbong park de part et d'autre du fleuve Taedong qui traverse la capitale jusqu'au petit square Kim-il-sung, le père de la nation communiste.

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© Capture

A l'extérieur de Pyongyang, la carte est plus clairsemée : quelques grandes villes, des aéroports, une raffinerie, un site de recherche nucléaire et surtout, des taches grisâtres représentant… des camps d'internement. A 100 km au nord-est de Pyongyang par exemple, le camp (kwan-li-so) n°18 est identifié comme un "goulag".

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© Reuters

Près de la frontière nord avec la Chine, le camp de travail n°22. La carte marque également avec précision l'emplacement d'une usine pharmaceutique, d'une usine alimentaire, d'une armurerie et des baraquements des gardes.

 

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© Capture

Quelle utilisation ? La publication de la carte nord-coréenne par Google intervient après la visite dans le pays du patron du géant de l'internet Eric Schmidt pour une visite "humanitaire privée" de trois jours, avec un ancien diplomate américain, Bill Richardson. A son retour, il avait déclaré que "la décision (des Nord-Coréens) de demeurer virtuellement isolés ne peut qu'affecter leur univers, leur croissance économique", tandis que "la planète devient de plus en plus connectée".

>>> A lire : Le patron de Google en Corée du Nord

Google avait déjà participé à dévoiler l'emplacement des camps d'internement nord-coréens grâce à son service d'image par satellite, Google Earth, abondamment utilisé par les ONG de défense des droits de l'Homme. Les Sud-Coréens se sont également réjouis, à l'image de Lee Nak-Ye, président d'une association de réfugiés. "Je serais heureux de voir une carte de ma ville natale", a confié l'octogénaire qui a quitté le Nord en 1950.