La Chine et ses "panda-ambassadeurs"

Le Premier ministre Stephen Harper a fait le déplacement pour accueillir les deux pandas.
Le Premier ministre Stephen Harper a fait le déplacement pour accueillir les deux pandas. © Reuters
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Charles Carrasco avec AFP , modifié à
ZOOM - Deux pandas géants ont été prêtés au Canada. Abandonnée dans les années 80, cette "diplomatie" fait son retour.

L'INFO. La Chine délocalise les joyaux de la République populaire. Deux pandas géants prêtés au Canada sont arrivés lundi à Toronto par un vol spécial de la compagnie de transport FedEx pour un séjour de dix ans. Ces ursidés herbivores au pelage noir et blanc -la femelle Er Shun et le mâle Da Mao- ont été reçus en grandes pompes par des personnalités de premier plan : le Premier ministre Stephen Harper et sa femme Laureen, ainsi que le maire de Toronto, Rob Ford.

Dans une brève allocution de circonstance, Stephen Harper a remercié le gouvernement chinois d'avoir envoyé au Canada ces animaux "symboles de la paix et de l'amitié".

Ils voyagent presque comme des chefs d'Etat. C'est "tout confort" pour les deux ursidés qui se sont régalés pendant leur vol depuis la Chine. Le couple pouvait se restaurer à bord. FedEx avait préparé pour eux 200 kilos de bambou, 100 kilos de pousses de bambou, 50 kilos de pommes et 20 litres d'eau fraîche, a listé la compagnie dans un communiqué. Un peu comme Barack Obama a le logo des Etats-Unis sur Air Force One, FedEx avait fait peindre une grande tête de panda sur la carlingue de l'appareil.

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Que vont-ils devenir ? Ces "pandas-ambassadeurs" sont arrivés de Chengdu, la capitale de la province du Sichuan dans le sud-ouest du pays. Ils doivent être isolés au zoo de Toronto pour une mise en quarantaine d'un mois et le public devrait les voir début mai. Ils devraient ensuite passer cinq ans à Toronto, avec leur progéniture éventuelle, puis être relogés à Calgary vers 2018, pour un deuxième quinquennat.

Une "diplomatie du panda". En Chine, le panda est un emblème et est considéré comme un trésor national. Jusque-là, "l'Empire du milieu" aimait se représenter sous les traits doux du panda, symbole de son développement "pacifique". Cette tradition avait été initiée sous la dynastie des Tang. En 685, l'empereur chinois avait offert deux pandas au Japon, explique Fabienne Clérot, chercheuse à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). Cette pratique s'est largement répandue sous Mao qui offraient ces animaux à l'URSS mais également au président américain Richard Nixon, signe du dégel de leurs relations.

Le 16 avril 1972, la "First lady" remercie la Chine :

Entre 1957 et 1982, la Chine a offert 23 pandas à neuf pays : l’ex-URSS, la Corée du Nord, le Japon, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’ex-Allemagne de l’Ouest, la France, le Mexique et l’Espagne, rapporte 20Minutes.fr. En 1973, "Yen Yen" et "Li Li" étaient les premiers pandas offerts à la France après la visite de Georges Pompidou à Pékin. Mais depuis 1985, la Chine a officiellement abandonné sa diplomatie du panda.

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Des prêts et beaucoup d'argent. Aujourd'hui, l'espèce est menacée à cause de la réduction de son habitat naturel et du faible taux de reproduction. La Chine se limitait donc à des prêts pour 10 ans par le centre de recherche de Chengdu à des zoos étrangers, moyennant d'importantes sommes d'argent qui peuv avoisiner 1 million de dollars, rapporte Fabienne Clérot sur le site de l'Iris.

Des pandas à Beauval. Mais depuis quelques années, la Chine s'est rendue compte du déficit de son image à l'étranger. Et il semble que le gouvernement ait décidé de faire quelques entorses à l'arrêt de sa diplomatie du panda. L'un des derniers exemples en date nous vient de France. En 2012, un couple d'ursidés est arrivé en France au zoo de Beauval dans le Loir-et-Cher. Ils s’appellent Yuan Zi ("fils rond", le mâle) et Huan Huan ("grande joie", la femelle). Ce prêt a été rendu possible après de longues tractations politiques et tombait presque à la date anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la France et la Chine, le 27 janvier 1964. Un événement pour la diplomatie sino-française destiné aussi à tourner la page après la menace de boycott des JO à Pékin à cause des droits de l'homme et la rencontre entre Nicolas Sarkozy, l'ancien président français, et le dalaï-lama, opposant historique au régime chinois.