La Centrafrique menacée par la famine

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et Xavier Yvon , modifié à
URGENCE - Le Programme alimentaire mondial a mis en place un pont aérien pour acheminer de la nourriture à Bangui.

L'INFO. En Centrafrique, la situation ne cesse de se dégrader. Des ONG dénoncent un "nettoyage ethnico-religieux", l'ONU craint une partition du pays et la France va envoyer 400 soldats supplémentaires pour tenter de mettre fin aux violences. Mais la famine menace aussi des millions de Centrafricains. Depuis la semaine dernière, le Programme alimentaire mondial (PAM), l'organisme d'aide alimentaire de l'ONU, a mis en place un pont aérien d'urgence, le plus important de ces dernières années.

82 tonnes de riz. Chaque jour, un Boeing 747 décolle de Douala, au Cameroun, pour se poser à l'aéroport de Bangui. A son bord, 82 tonnes de riz, qui permettent de nourrir 7.000 personnes pour la journée. Au total, 1.800 tonnes de riz doivent être acheminées pendant un mois, de quoi nourrir 150.000 personnes. Coût de l'opération : 3 millions de dollars, soit environ 2 millions d'euros.

Le Programme alimentaire mondial a mis en place un pont aérien. (WFP/Alexis Masciarelli)

© WFP/Alexis Masciarelli

"Les commerçants musulmans ont fui". Car les routes sont devenues trop dangereuse et la nourriture ne rentre plus en Centrafrique. D'après l'ONU, 1,3 million de personnes ont besoin d'une assistance alimentaire immédiate, surtout dans les camps de déplacés. Le PAM a lui-même frisé la pénurie la semaine dernière et la situation ne devrait pas s'arranger. "Les commerçant musulmans ont fui, les éleveurs également ont fui, avec leur bétail, les paysans ont d'énormes difficultés à avoir des récoltes cette année, ils n'ont même plus de semences pour la prochaine saison", détaille au micro d'Europe 1 le porte-parole du PAM, Alexis Masciarelli.

Se préparer avant la saison des pluies. "On rentre dans une phase où l'économie est profondément perturbée", souligne-t-il, prévoyant des pénuries alimentaires "pendant encore de nombreux mois". Alors aujourd'hui, l'objectif du PAM est double : il faut non seulement gérer l'urgence, mais aussi préparer la suite, en pré-positionnant des stocks de nourriture un peu partout dans le pays. Et il faut le faire avant la saison des pluies, en avril, quand certains axes deviendront impraticables, coupant des dizaines de milliers de Centrafricains de la capitale.

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