L'Ukraine met le cap à l'Est

Vladimir Poutine a accordé 15 milliards de dollars à Kiev et a annoncé une baisse du prix du gaz.
Vladimir Poutine a accordé 15 milliards de dollars à Kiev et a annoncé une baisse du prix du gaz. © Reuters
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Charles Carrasco avec agences
Le président ukrainien a signé un accord avec Moscou. Vladimir Poutine renforce son influence sur son voisin.

L'INFO. La Russie a encore renforcé un peu plus sa "mainmise" sur son plus proche voisin. Lors d'une visite du président ukrainien au Kremlin, le président Vladimir Poutine a annoncé mardi que Moscou accordait 15 milliards de dollars à l'Ukraine et baissait le prix du gaz qu'elle lui vend. La signature de cet accord ne risque donc pas de calmer la colère de l'opposition qui, depuis quatre semaines, réclame un rapprochement avec l'Europe. Quels sont les termes de cet accord ? Explications. 

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n accord de 15 milliards. Cette rencontre entre les deux pays s'est donc soldée par un accord "avantageux" pour l'Ukraine, un pays en profonde récession et au bord de la faillite. "Compte tenu des problèmes de l'économie ukrainienne (...), le gouvernement russe a décidé de placer une partie de ses réserves (...) dans des titres du gouvernement ukrainien, à hauteur de 15 milliards de dollars", a déclaré Vladimir Poutine à l'issue de ses discussions avec son homologue ukrainien, Viktor Ianoukovitch. En clair donc, racheter des emprunts ukrainiens. Le ministre russe des Finances, Anton Silouanov, a précisé que ce programme d'achat d'obligations serait financé par le Fonds souverain russe.

"Ce n'est lié à aucune condition, ni à une hausse, ni à une baisse, ni au gel des avantages sociaux, des retraites, des bourses ou des dépenses", a souligné pour sa part Vladimir Poutine. Il a fait ainsi allusion aux conditions avancées par le Fonds monétaire international (FMI) pour l'octroi d'un prêt à Kiev. L'impossibilité de remplir certains critères avait poussé Kiev à rompre les discussions avec  l'institution basée à Washington et l'UE. 

Une baisse du prix du gaz. Moscou, qui redoutait de voir l'Ukraine échapper à sa sphère d'influence, voit en revanche d'un bon œil le changement de pied de Viktor Ianoukovitch. Pour achever de le convaincre, le président russe a annoncé que la compagnie pétrolière publique Gazprom allait consentir un important rabais sur les tarifs de ses livraisons de gaz naturel à l'Ukraine Aujourd'hui facturé 400 dollars environ les 1.000 mètres cubes, le gaz russe passera à 268,5 dollars à compter du mois de janvier alors que la Russie avait déjà menacé d'augmenter ses prix.

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Moins de limitations commerciales. Un accord levant les limitations commerciales entre les deux pays a également été signé. Le partenariat stratégique entre Moscou et Kiev en sort donc renforcé. Toutefois, l'adhésion de l'Ukraine à l'Union douanière menée par Moscou n'a pas été évoquée.

Du pétrole pour Odessa. Cerise sur le gâteau ukrainien, la Russie a par ailleurs décidé de reprendre ses livraisons de pétrole à la raffinerie d'Odessa en Ukraine. Cette usine a été rouverte en octobre après trois ans d'arrêt.

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Comme un air de "piège à souris". Vitali Klitschko, l'un des trois chefs de file de la contestation, a accusé le président d'avoir bradé les intérêts du pays. "Il a abandonné les intérêts nationaux de l'Ukraine, il a abandonné l'indépendance et la perspective d'une vie meilleure pour tous les Ukrainiens", a-t-il lancé à la foule réunie sur la place de l'Indépendance, où se rassemblent depuis des jours les pro-européens dans le centre de Kiev. Sur la même ligne, un autre meneur de l'opposition, Arseni Iatseniouk, ancien ministre de l'Économie, a prévenu qu'"on ne peut trouver du fromage gratuit que dans un endroit - un piège à souris".

Selon les Etats-Unis, c'est insuffisant. La Maison-Blanche, qui est dans le camp d'un rapprochement avec l'Europe, a affirmé mardi que l'accord économique signé entre l'Ukraine et la Russie ne serait pas suffisant pour répondre aux "inquiétudes" des manifestants. Le porte-parole de la présidence américaine, Jay Carney, a appelé les autorités ukrainiennes à engager le "dialogue" avec les manifestants.

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