L'ETA range les armes

Trois militants de l'ETA cagoulés, vêtus de noir, ont fait cette annonce assis à une table portant l'emblême de l'ETA, la hache entourée d'un serpent, dans une vidéo diffusée par le journal basque Gara.
Trois militants de l'ETA cagoulés, vêtus de noir, ont fait cette annonce assis à une table portant l'emblême de l'ETA, la hache entourée d'un serpent, dans une vidéo diffusée par le journal basque Gara. © Maxppp
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avec agences , modifié à
L'organisation indépendantiste basque a annoncé jeudi "l'arrêt définitif de son activité armée".

Après plus de 40 ans de lutte pour l'indépendance du Pays basque, et plus de 800 morts au compteur, l'organisation armée ETA a annoncé jeudi "l'arrêt définitif de son activité armée" dans un communiqué publié par le journal basque Gara sur son site Internet.

"Engagement clair, ferme et définitif"

Considérée comme une organisation terroriste par l'Union européenne et les Etats-Unis, l'ETA a lancé un appel aux gouvernements d'Espagne et de France pour ouvrir un processus de dialogue direct qui aura comme objectif la résolution des conséquences du conflit et, en conséquence le dépassement de la confrontation armée", a indiqué l'organisation. "A travers cette déclaration historique, ETA montre son engagement clair, ferme et définitif", a par ailleurs assuré l'organisation armée.

Une déclaration qui intervient alors que lundi, à Saint-Sébastien, une conférence internationale, qui réunissait notamment l'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan et le président du parti nationaliste nord-irlandais Gerry Adams, a appelé l'ETA à renoncer définitivement à la violence.

Dans son communiqué, l'organisation armée a qualifié cette conférence d'"initiative de grande importance politique". Selon elle, "la résolution accordée rassemble les ingrédients pour une solution intégrale au conflit et compte avec le soutien de larges secteurs de la société basque et de la communauté internationale".

"Victoire de la démocratie"

Le leader nationaliste irlandais Gerry Adams a salué jeudi l'annonce par l'organisation basque de "la fin définitive de son action armée" et demandé à Paris et Madrid d'engager des "discussions" avec elle. Jean-François Lefort, membre du bureau national de Batasuna, bras politique de l'ETA interdit en Espagne mais légal en France, a quant à lui parlé de "décision historique".

La classe politique espagnole s'est elle aussi félicitée de cette nouvelle. Le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero a salué "la victoire de la démocratie". "Vivons aujourd'hui la légitime satisfaction de la victoire de la démocratie, de la loi et de la raison", a-t-il déclaré. Le chef de l'opposition de droite espagnole, Mariano Rajoy a salué "un pas très important", demandant toutefois la "dissolution irréversible" de l'organisation armée.

Cette annonce de l'ETA intervient à l'approche des élections anticipées du 20 novembre en Espagne pour lesquelles l'opposition de droite est donnée largement favorite. Le gouvernement et l'ex-ministre de l'Intérieur, candidat à l'élection du 20 novembre, Alfredo Perez Rubalcaba avait répété à plusieurs reprises ces derniers jours que l'annonce de la fin de l'organisation était imminente.

Très affaiblie après de nombreuses arrestations, l'ETA avait décrété un cessez-le-feu "permanent" en septembre 2010. Des militants emprisonnés et des alliés politiques la pressaient depuis d'aller plus loin et de renoncer à la force.