L’ETA, affaiblie, choisit le cessez-le-feu

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Europe1.fr (avec agences) , modifié à
L’organisation séparatiste basque l'a annoncé dimanche dans une vidéo. Madrid reste prudente.

C’est parce que l’ETA s’engage désormais "à trouver une solution démocratique au conflit", que l’organisation séparatiste basque a annoncé un cessez-le-feu dimanche, dans une vidéo officielle. La décision aurait été prise il y a plusieurs mois.

"Ces derniers temps, le Pays Basque se trouve à un moment important, à un carrefour", explique la militante de l'ETA qui prend la parole. "Si le gouvernement espagnol le veut, ETA est prête aujourd'hui comme hier à convenir de conditions démocratiques minimales nécessaires à la mise en place d'un processus démocratique", poursuit-elle.

Un choix historique. Le dernier cessez-le-feu avait été annoncé en 2006 alors que le processus de paix semblait bien engagé. Mais quelques mois plus tard, un attentat à l'aéroport de Madrid avait poussé José Luis Zapatero, le Premier ministre espagnol, à stopper les négociations. En juin 2007, l'organisation séparatiste basque avait annoncé la rupture définitive de la trêve.

Temporaire ou permanent ?

De fait, depuis un an, l'ETA n'a pas commis d'attentats. Mais l’annonce de dimanche a un caractère très solennel. Sur la vidéo diffusée d’abord par la chaîne britannique BBC puis par le journal espagnol Gara, on voit trois membres d’ETA, dont une femme. Leur visage est dissimulé sous des cagoules et leur tête couverte d’un béret basque.

Impossible cependant de savoir dans l’immédiat si le nouveau cessez-le-feu annoncé dimanche est temporaire ou permanent. D’où la prudence affichée par les autorités espagnoles. Les médias locaux, à l'image d'El Mundo, parlent même de scepticisme.

C'est "insuffisant"

Le responsable de l'Intérieur du gouvernement autonome basque a réagi en fin d'après-midi dimanche. Pour lui, cette annonce est "insuffisante" et "ambiguë" car il ne s'agit pas d'un engagement à arrêter définitivement la violence.

La classe politique a également réagi dans ce sens. Cadena Ser Leire Pajin, numéro trois du PSOE - parti politique de gauche sociale-démocrate - a assuré que "cette annonce est clairement insuffisante", avant d'ajouter : "Nous demandons une fois de plus à l'ETA ce que souhaite le plus la société espagnole : qu'elle se dissolve et qu'elle abandonne les armes une fois pour toutes". Même réaction du président au Pays Basque du principal parti d'opposition espagnol, Antonio Basagoiti, et du responsable écolo-communiste Gaspar Llamazares.

L'ETA, créée en 1959, est tenue pour responsable de la mort de plus de 800 personnes. Les derniers mois ont été particulièrement difficiles pour l’organisation dont la direction a été décapitée à plusieurs reprises, avec des arrestations menées en Espagne mais aussi en France.