Kirghizstan : l’ombre d’une révolution

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Europe1.fr (avec agences) , modifié à
Le président serait parti et l'opposition aurait pris le pouvoir après des heurts meurtriers.

La situation est très confuse depuis quelques heures au Kirghizstan. Des heurts ont éclaté mercredi entre opposants et forces de l’ordre à Bichkek, la capitale du pays. Une centaine de personnes pourraient avoir été tuées, selon des chiffres diffusés par l'opposition. Le ministère de la Santé reconnaît de son côté 47 morts. Un bilan encore provisoire.

Face à ce déferlement de violence, le pouvoir vacille. Le président kirghiz, Kourmanbek Bakiev, aurait quitté Bichkek, pour une destination inconnue. Sa résidence a été pillée. Son Premier ministre et le gouvernement dans son ensemble seraient sur le point de démissionner. Et les manifestants assurent avoir pris le contrôle de la présidence.

Les premiers incidents ont éclaté lorsque la police a tenté de disperser les manifestants rassemblés près du siège de l'opposition. Les forces de l'ordre avaient dû battre en retraite. Des centaines d'opposants, armés pour certains de bâtons et de pierres, sont ensuite entrés dans le siège du Parlement, situé à quelques dizaines de mètres de la présidence, elle-même assiégée par les manifestants.

L’opposition réclame la démission du président Kourmanbek Bakiev. Lui-même a pris le pouvoir en mars 2005 à l'issue d'une "révolution" émaillée de violences. Il avait alors promis de démocratiser le pays, d'y éradiquer la corruption et d'en assurer le développement économique.

Un régime corrompu

Mais le président de cette ex-république soviétique a vite renoué avec les dérives du régime qu'il avait renversé en distribuant avantages économiques et postes à responsabilités aux membres de sa famille. Il a été réélu, sur fond de fraudes électorales. La plupart de ses compagnons de route ont depuis rejoint l'opposition, accusant le chef de l'Etat de dérive autoritaire. Plusieurs opposants ont été emprisonnés et des médias indépendants fermés. Mardi encore, le procureur général avait annoncé l'interpellation de trois chefs de l'opposition "inculpés de crimes graves".

L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe a appelé mercredi le gouvernement et l'opposition kirghizes à chercher le dialogue pour mettre fin aux affrontements. Les Etats-Unis se sont dits "très préoccupés".

L'état d'urgence a été décrété et un couvre-feu a été mis en place dans tout le pays. L'aéroport de Manas, au nord de la capitale, utilisée à la fois pour les vols militaires américains et les vols commerciaux, aurait été fermé mercredi soir.