Kadhafi : la version officielle contestée

Le rapport de Human Rights Watch met à mel la version officielle de la mort de Mouammar Kadhafi.
Le rapport de Human Rights Watch met à mel la version officielle de la mort de Mouammar Kadhafi. © REUTERS
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avec agences , modifié à
Un rapport de Human Rights Watch soulève des questions sur la mort du dictateur libyen en 2011.

Les héros d’hier sont aujourd’hui sur la sellette. Dans un rapport publié mercredi, l’ONG Human Rights Watch revient sur la mort du dictateur libyen Mouammar Kadhafi et sur la responsabilité des rebelles. Ce document de 50 pages, intitulé "Mort d’un dictateur : vengeance sanglante à Syrte", présente de nouvelles preuves d’exactions commises par les miliciens anti-Kadhafi et met à mal la version officielle des faits.

D’après les autorités de transition, Mouammar Kadhafi a été tué dans un échange de tirs lors de sa capture, le 20 octobre 2011. HRW, qui s’appuie notamment sur des vidéos filmées par les combattants anti-Kadhafi avec leurs téléphones portables et des photos de la morgue, estime pour sa part qu’il a été tué après sa capture.

Des exécutions sommaires

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"Il semble aussi qu’ils ont transporté Mouatassim Kadhafi [le fils du dictateur], qui avait été blessé, à Misrata et qu’ils l’ont tué là-bas", indique Peter Bouckaert, responsable de l’ONG. Sur des images, Mouatassim Kadhafi apparaît après sa capture, à Misrata, fumant et tenant une "conversation hostile" avec des combattants. Quelques heures plus tard, d’autres documents montrent son corps "avec une nouvelle blessure au cou qui n’était pas visible dans les premières images".

Les éléments rassemblés par l’ONG "suggèrent aussi que des miliciens de l’opposition ont exécuté sommairement au moins 66 membres du convoi de Kadhafi capturés à Syrte". Ces partisans du dictateur auraient été capturés et désarmés avant d’être violemment battus et exécutés. Certains avaient les mains liées derrière le dos.

Toujours pas d’enquête

HRW a transmis les résultats de son enquête aux autorités de transition libyennes et appelé, une nouvelle fois, à une enquête sérieuse sur ces "exécutions de masse" qui constituent "les plus graves abus commis par les forces de l’opposition". Après la révolution, les ex-rebelles avaient promis une enquête. Mais plus d’un an après les faits elle n’a toujours pas été ouverte.