Italie : un Napolitano "macho" ?

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Charles Carrasco , modifié à
Aucune femme ne fait partie des "Sages" nommés par le président pour débloquer la situation.

La polémique. Giorgio Napolitano a bien l'intention de débloquer l'impasse politique dans laquelle se trouve son pays. Pour cela, le président italien a confirmé samedi qu'il ne raccourcirait pas son mandat qui doit s'achever le 15 mai prochain afin de trouver un nouveau gouvernement d'union. Sauf que dans ce rôle "sauveur" de l'Italie, Giorgio Napolitano a subi les foudres de plusieurs personnalités féminines pour n'avoir nommé aucune femme parmi les dix "Sages" chargés de trouver une solution à la crise.

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Qui sont les Sages ? Le chef de l'Etat a demandé samedi à dix personnalités, réparties en deux commissions, de formuler des propositions de réformes des institutions et de l'économie susceptibles d'avoir le soutien de tout l'échiquier politique. On trouve parmi eux un ancien président du Conseil constitutionnel, le directeur général de l'Institut de la statistique Istat, un membre du conseil d'administration de la Banque d'Italie et des dirigeants politiques de droite et de gauche.

Les femmes en colère. Sauf que dans ces deux groupes, qui se réuniront pour la première fois mardi, ne comportent aucune femme. "C'est triste, très triste. Le fait est qu'il y ait dix hommes et pas une seule femme, c'est triste", a commenté l'ancienne commissaire européenne Emma Bonino, avocate de longue date d'une présence accrue des femmes dans la vie politique. "Tout ce que je peux dire, c'est que la commission n'est pas le reflet de la société. Cela nie la présence des femmes dans la société, ce n'est pas un choix qui voit loin", a-t-elle affirmé à La Repubblica. "Il est plus facile d'imaginer un jour une femme cardinale qu'une femme au palais présidentiel du Quirinal", a-t-elle lancé en référence à l'élection récente du pape François.

La sélection faite par le chef de l'Etat a été aussi critiquée par Giulia Bongiorno, l'une des avocates les plus célèbres d'Italie, et par l'animatrice de télévision Michelle Hunziker, pour qui "les choses ne s'arrangent pas". "Comme d'habitude, il n'y a pas une femme", titre de son côté à la "Une" le Corriere della Sera. 

 

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Les femmes discriminées en Italie ? L'un des principaux reproches fait à la classe politique italienne est qu'elle est essentiellement composée d'hommes d'âge mûr ou avancé. Le pays a même l'un des taux d'emploi féminin les plus bas des pays de l'OCDE (45,6% en 2011), devancée seulement par la Grèce, le Mexique et la Turquie.

Quid du blocage ? Dans l'attente d'un nouveau gouvernement, Napolitano a demandé à Mario Monti de rester à son poste de président du Conseil afin d'expédier les affaires courantes. Les dix "Sages" hommes vont eux devoir déminer le terrain. Ils devront "formuler des propositions de programme précises pouvant être partagées" par les forces politiques en vue de la formation d'un gouvernement à la fois sur les questions institutionnelles (réforme de la loi électorale) et économico-sociales (sur la gestion financière du pays). Sauf que pour l'instant, Beppe Grillo, le leader du Mouvement Cinq étoiles, ne veut pas s'allier avec le Parti démocrate de Pier Luigi Bersani qui ne veut pas entendre parler de la droite de Silvio Berlusconi. Pour le quotidien Il Fatto quotidiano : "quand le pays a les idées confuses, on fait une commission pour qu'elles le soient davantage". Une seule chose est claire aujourd'hui pour le Corriere della Sera : "l'Italie commence à avoir peur".