Israël : enquête après des tags pro-Hitler

La direction de Yad Vashem a évoqué la possibilité que ces actes soient le fait d'extrémistes juifs ultra-orthodoxes antisionistes.
La direction de Yad Vashem a évoqué la possibilité que ces actes soient le fait d'extrémistes juifs ultra-orthodoxes antisionistes. © REUTERS
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Charles Carrasco avec AFP , modifié à
Des inscriptions ont été retrouvées sur des murs autour du mémorial de Yad Vashem à Jérusalem.

Une douzaine de graffitis antisionistes "remerciant Hitler" et mesurant près de deux mètres de haut. Cet acte de vandalisme d'envergure a été découvert lundi à l'intérieur de Yad Vashem, le mémorial de la Shoah à Jérusalem.

Parmi ces graffitis figurent des inscriptions telles que : "si Hitler n'avait pas existé, les sionistes l'auraient inventé" et "merci Hitler pour cette merveilleuse Shoah, c'est uniquement grâce à toi que nous avons obtenu un Etat de la part de l'ONU", en référence à la création d'Israël en 1948, à l'issue de la Seconde Guerre mondiale. On peut également lire : "les sionistes ont amené la Shoah" et "les guerres des sionistes ne sont pas celles du peuple juif".

Sept de ces graffitis peints en blanc et rouge ont été retrouvés sur des murs autour du mémorial dédié aux combattants du ghetto de Varsovie. D'autres ont été inscrits près d'un wagon de chemin de fer symbolisant la déportation des juifs par les nazis.

Une enquête a été ouverte, a indiqué le porte-parole de la police Micky Rosenfeld, ajoutant que la police "ne privilégie aucune piste".

Des juifs ultra-orthodoxes antisionistes ?

De son côté, la direction de Yad Vashem a évoqué la possibilité que ces actes soient le fait d'extrémistes juifs ultra-orthodoxes antisionistes, très minoritaires mais actifs dans certains quartiers religieux. Ils dénoncent régulièrement ce qu'ils considèrent comme une exploitation de la Shoah pour justifier la création de l'Etat d'Israël, qu'ils rejettent absolument.

"Une des inscriptions est signée 'le judaïsme harédi mondial'", a affirmé Avner Shalev, le directeur du mémorial. Le terme "harédi" (les 'craignant Dieu' en hébreu) fait référence à la communauté de ces ultra-orthodoxes. Avner Shalev a rappelé que dans le passé des petits groupes ultra-orthodoxes s'étaient "livrés à des attaques féroces contre le sionisme et l'Etat d'Israël".

Une "ligne rouge"

Avec cet acte de vandalisme "sans précédent, une ligne rouge a été franchie", a futigé le directeur de mémorial, en précisant que la police examinait les vidéos tournées par les caméras de surveillance disséminées à Yad Vashem.

Le ministre israélien de l'Education, Gideon Saar, s'est pour sa part déclaré "choqué" par cet acte de vandalisme. "Ceux qui ont ainsi profané et sali Yad Vashem avec des inscriptions démentes, ont fait cela dans le but de porter atteinte aux sentiments de la population", a déploré le ministre dans un communiqué.

La politique du "prix à payer"

Dans un incident séparé à Jérusalem-Est, secteur à majorité arabe, des inconnus ont vandalisé neuf voitures appartenant à des Palestiniens, crevant les pneus et taguant des slogans sur les véhicules, en faveur de la colonisation juive en hébreu.

La police soupçonne des extrémistes de droite ou des colons juifs adeptes de la politique de représailles systématiques, dite du "prix à payer". Elle consiste à attaquer des cibles palestiniennes, mais aussi israéliennes, chaque fois que les autorités limitent ou freinent la colonisation.