Irak : premières frappes françaises contre l’EI à Tikrit

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avec AFP , modifié à
La France a appuyé pour la première fois l’offensive terrestre des forces spéciales américaines et irakiennes contre Tikrit, bastion de l’EI.

La situation à Tikrit. Depuis plusieurs semaines, Tikrit est en suspens. Cette ville du nord de l’Irak, tombée aux mains de l’organisation de l’Etat islamique en juin 2014, est l’objet d’une bataille féroce qui oppose milices chiites, police irakienne et forces spéciales américaines d’un côté, aux djihadistes de l’EI de l’autre. Retranchés derrière les murs de la ville située non loin du village natal de Saddam Hussein, les soldats du "califat" sont soumis à rude épreuve.

Le rôle de la France. D’autant plus que, depuis mercredi soir, la France s’est jointe aux frappes de la coalition. L’armée de l’air française a en effet lancé ses premières bombes contre les djihadistes. "Nous avons frappé hier soir dans le cadre d'une mission de la coalition dans la région de Tikrit", a déclaré le porte-parole de l’Etat-major français, qui a précisé qu'il s'agissait d'une première depuis le début de l'offensive irakienne sur la ville.

La question de la présence des milices chiites. Ce soutien aérien constitue à ce jour la plus importante opération menée par la coalition en soutien aux forces irakiennes et à leurs alliés chiites soutenus par l'Iran. Mais à Washington, où le fait de se retrouver dans le même camp que les milices chiites inquiète plusieurs parlementaires américains, le général Lloyd Austin, commandant le Centcom, le Commandement central des forces américaines dont dépend cette partie du globe, a affirmé que les milices chiites n'étaient plus impliquées dans la bataille de Tikrit. 

La position américaine. Leur retrait était même la condition fixée par les Etats-Unis pour répondre favorablement à la demande d'appui aérien des autorités irakiennes. "Une fois ces conditions réunies, qui impliquaient la non-participation des milices  chiites, nous avons pu aller de l'avant", a dit le général Austin devant le Congrès.

Ce dernier a toutefois admis que les miliciens chiites étaient toujours présents dans le secteur, sans doute sur l'autre rive du fleuve Tigre. Le ministre irakien de la Défense, Khaled al Obeïdi, a minimisé quant à lui le rôle prêté aux conseillers iraniens présents sur le champ de bataille. "Les conseillers iraniens n'ont rien à voir avec le travail de l'aviation", a-t-il dit. "Les Iraniens travaillent avec les frères de la milice Hachid Chaabi (Mobilisation populaire) en tant que conseillers, et je pense qu'ils occupent des positions à l'arrière." 

L’EI subit ses premiers revers d’ampleur après Kobané. Cette intervention n'en ouvre pas moins un nouveau chapitre dans l'engagement contre les djihadistes qui tiennent depuis l'an dernier de larges portions des territoires irakien et syrien. Si les forces irakiennes reprennent Tikrit, ce sera la première ville reconquise depuis l'offensive éclair de l'Etat islamique en juin dernier. Auditionné par la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, le général à la retraite John Allen, émissaire de Barack Obama auprès de la coalition internationale contre l'Etat islamique, a affirmé jeudi que la campagne de bombardement affaiblissait le groupe djihadiste. "Nous dégradons clairement ses capacités", a-t-il dit. "L'attrait qu'exerce le prétendu califat subit un assaut direct", a-t-il ajouté. 

Depuis les premières frappes internationales déclenchées en août dernier, a-t-il poursuivi, l'Etat islamique a perdu plus d'un quart des zones peuplées qu'il contrôlait en Irak depuis sa spectaculaire progression entamée deux mois plus tôt par la prise de Mossoul, deuxième plus grande ville du pays, dans le Nord.

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