Irak : "on a vu des scènes vraiment terribles"

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et Mickaël Frison , modifié à
INTERVIEW E1 - Amir Jaje, vicaire des dominicains à Bagdad, explique que des Irakiens ont dû fuir "à pied" les djihadistes de l’EIIL.

En trois jours, les djihadistes ont mené une offensive fulgurante en Irak, prenant Mossoul, la deuxième ville du pays. Et c’est la capitale irakienne qui est désormais la cible de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), dont le chef a appelé à "marcher sur Bagdad". Amir Jaje, le vicaire des dominicains du monde arabe à Bagdad, tout juste arrivé en France, explique sur Europe 1 qu’à Mossoul, "les gens ont été vraiment terrorisés de façon horrible". 

Sa famille "paniquée". "Depuis déjà quelques jours", la situation à Mossoul était "très difficile". "Mais on ne pensait pas que cette ville, la deuxième en Irak, tomberait aussi facilement entre les mains des islamistes", se désole le religieux. Sur le terrain, "on a vu des scènes vraiment terribles", poursuit-il. 

Jaje : "On ne pensait pas que Mossoul tomberait...par Europe1fr

Amir Jaje a pu parler au téléphone avec sa famille restée en Irak, dans la ville chrétienne de Karakoch, près de Mossoul, au nord du pays. "Ils ont été paniqués, ils étaient terrorisés", décrit-il, ajoutant : "ils avaient vraiment peur que les islamistes rentrent dans cette ville à majorité chrétienne". Les proches du religieux ont même pensé quitter leur ville pour Erbil, au Kurdistan. "Mais ils y ont renoncé, parce que c'est difficile de quitter tout et de partir".

Des gens obligés de fuir à pied. Ailleurs, d’autres ont fui l’avancée des djihadistes. "Les gens étaient obligés de quitter cette ville, en masse et même à pied. J’ai eu une famille qui a fait cet exode-là : elle m’a dit qu’ils étaient partis à 23 heures pour arriver à 15 heures à Karakoch", raconte Amir Jaje. D’après l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), pas moins de 500.000 personnes ont été déplacées à l’intérieur et autour de Mossoul, qui compte normalement deux millions d’habitants.

Des Irakiens fuient Mossoul à pied

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L’objectif des djihadistes de l’EIIL est d’instaurer un Etat islamique, "à majorité sunnite", à cheval entre l’Irak et la Syrie. Car, explique Amir Jaje, "les terroristes en Irak ont fait une alliance avec les terroristes en Syrie pour vraiment annoncer l'Etat islamique, où la charia règne". L’EIIL bénéficie selon lui du soutien de "l’Arabie saoudite et d’autres pays, comme le Qatar". Le religieux en veut aussi aux Américains, qui ont "détruit ce pays". "Il ne fallait pas faire la guerre pour enlever Saddam Hussein, il fallait trouver d'autres solutions", soutient-il. Pour autant, même si sous son régime "on avait au moins la sécurité", Amir Jaje ne regrette pas le président renversé en 2003. Lui qui dit avoir "une vocation à suivre" se dit en tout cas prêt à retourner dans son pays, malgré la peur.

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