Irak : Bagdad s'enrôle pour combattre l'EIIL

Des volontaires attendent pour leur visite médicale à Bagdad
Des volontaires attendent pour leur visite médicale à Bagdad © Reuters
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et Gwendoline Debono, envoyée spéciale à Bagdad , modifié à
REPORTAGE - De nombreux habitants s’engagent dans l’armée pour défendre la ville majoritairement chiite contre les islamistes sunnites aux portes de la capitale irakienne.

Ils prennent les armes pour protéger Bagdad. A 60 kilomètres de là, les djihadistes de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) menace de faire tomber la capitale irakienne. Depuis leur assaut fulgurant sur le nord et l’ouest du pays, Bagdad est devenue une forteresse que chacun veut défendre.

"Même avec des pierres, je les affronterai". Sur le terrain vague d’une base militaire écrasée par la chaleur bagdadie, des bus déposent des volontaires qui veulent intégrer l’armée irakienne. Ils ont à peine l’âge de passer le bac, à l’image d’Ali, qui marche en tongs vers le bureau de recrutement. "On vient pour se lever contre les djihadistes. On est habitué à la guerre. Ça ne nous fait pas peur", clame-t-il au micro d’Europe 1.

Plus loin, dans les rues du quartier à majorité chiite de Sadr City, à l'appel du puissant chef chiite Moqtada Sadr, des milliers de volontaires ont ainsi orchestré samedi une véritable démonstration de force, paradant en uniformes et en armes.

Bagdad milice chiite Irak EIIL

© Reuters

Depuis la chute de la deuxième ville du pays, la crainte de voir tomber la capitale irakienne aux mains de l’EIIL plane. Mais pour Ali, "Bagdad n’est pas Mossoul. Si le djihadistes essayent d’entrer dans la ville, on regardera leurs cadavres allongés dans les rues", tonne le jeune homme, qui continue : "Peu importe nos âges, on ira se battre. Même avec des pierres j’irai les affronter."

Les miliciens invoquent leur victoire sur les djihadistes. Mais un militaire de l’armée interrompt le très jeune adulte, pour ne pas le laisser dire et clamer sa rage.

Dans le QG des miliciens chiites, l’ambiance est moins juvénile. Une télévision diffuse d’interminables défilés de combattants surarmés devant des hommes, dont les cicatrices sur les bras et les jambes disent beaucoup. Des guerres, ils en ont connues : "On a combattu les Américains à l’époque, ensuite al-Qaïda. La guerre urbaine, on connaît", assure l’un d’eux avec fierté. Hors de question, pour lui, de laisser "passer ces hommes qui égorgent tout le monde".

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D’ailleurs, le milicien chiite en est persuadé, Bagdad ne tombera pas aux mains de djihadistes sunnites. La preuve, "il y a un mois, ils ont tenté d’attaquer une prison près d’ici, avec des roquettes. L’armée n’a rien fait. Nous, au bout d’une heure, on les a repoussés", raconte-t-il.

Mais l’EIIL pourrait choisir la méthode du chaos. Ce qu’il ne dit pas, c’est qu’à quelques mètres d’ici, la semaine dernière, deux voitures piégées ont tué quatre de leurs hommes. Car les djihadistes et l’armée ne partagent pas les mêmes méthodes. L’EIIL préfèrera peut-être la guérilla et le chaos à la bataille rangée. Et rien ne dit que les miliciens y sont prêts.

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