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Gwendoline Debono avec A.H. , modifié à
Environ 50.000 civils sont parvenus à fuir Falloujah, où le gouvernement irakien a lancé une opération reconquête dans ce fief de l'Etat islamique. Pour eux, les conditions de vie restent très difficiles.
REPORTAGE

A Falloujah, plus de 50.000 civils sont toujours coincés entre les combattants de Daech et du gouvernement irakien, qui a lancé il y a trois semaines une opération de reconquête dans ce fief de l’Etat islamique. Environ 50.000 autres civils ont réussi à fuir. Leurs conditions de vie restent très précaires et les images qu'ils gardent en tête sont très dures. Notre reporter sur place a pu rencontrer certains de ces civils.

Des tunnels sous les maisons. Les combattants de Daech n'hésitent pas à mettre la pression aux habitants de Falloujah, devenue une ville sous surveillance. "Quand on était au téléphone, les hommes de Daech nous demandaient 'à qui vous parlez ? A l’armée ? Pour qu’ils nous attaquent à Falloujah ?'", témoigne une femme. Dans la ville, les djihadistes se déplacent sans cesse à la tombée du jour, réquisitionnant les blocs d’habitations. "Avec des engins de chantier, il creusent des tunnels depuis la première maison de la rue jusqu’au poste avancé. Dans mon quartier, ils ont percé le carrelage jusqu’aux fondations pour creuser ces tunnels et se cacher des avions", se souvient un homme.

Un siège très difficile. L’Etat islamique les a laissés quitter la ville. Mais on comprend dans les mots de ces réfugiés que c’est moins l'EI qu’ils ont fui que les combats et les effets du siège. "On ne mangeait que des dattes et du pain rassis. Le sucre était hors de prix puisque la ville n’est plus approvisionnée. Et on n’avait que l’eau du fleuve à boire", s'émeut une habitante. 

Des sévices sur les hommes. Des femmes se rassemblent et expliquent que leurs fils et leurs maris ont disparu. Ils sont actuellement interrogés par les forces de sécurité irakiennes, qui veulent éviter que des combattants ne se fondent parmi eux. D’autres sont tombés entre les mains des miliciens chiites, animés d’une soif de revanche à l’égard de ces populations sunnites. "Ils nous ont séparés, d’un côté les hommes, de l’autre les femmes. Ils ont emmené les hommes et ont tiré au-dessus de nos têtes pour nous faire asseoir", se remémore durement cet ancien notable de Falloujah. "Ils nous ont rassemblés dans une maison, nous ont fait enlever nos chaussures et nous ont frappé les pieds. J’ai vu des hommes être brûlés vifs". Il confie : "J’aurais peut-être dû rester à Falloujah au lieu de vivre cet enfer pour en sortir".