Immigration : les républicains défient Barack Obama

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avec AFP , modifié à
Les républicains sont prêts à tout pour bloquer les mesures de régularisation des sans-papiers. Y compris à un nouveau "shutdown". 

Barack Obama l’avait promis en novembre dernier : des millions de clandestins devaient être régularisés par son administration. Une promesse qui devait prendre effet dès mercredi, mais qui se casse les dents sur la décision d’un juge fédéral américain, qui a ordonné lundi soir la suspension temporaire de ce plan. Derrière cette décision, une plainte déposée par le Texas et d’autres Etats républicains, et un bras de fer sur la question hautement politique de l’immigration.

Jusqu’à 5 millions de régularisations. C’est le 20 novembre dernier que Barack Obama a annoncé que son administration allait, sans passer par une validation du Congrès, accorder des permis de travail de trois ans à jusqu’à cinq millions de personnes en situation irrégulière aux Etats-Unis, sur les 11 millions que compte le pays. Le volet de ce plan destiné aux sans-papiers arrivés enfants sur le sol américain devait entrer en vigueur mercredi.

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Mais voila qu’un juge du Texas lui barre la route : dans une décision rendue lundi soir, Andrew Hanen, du tribunal fédéral de Brownsville, dans le sud de l’Etat, a suspendu l’application de cette mesure. En réalité, il s’agit d’une suspension temporaire, jusqu’à ce que la justice tranche sur le fond d’une plainte déposée par le Texas et 25 autre Etats, pour la plupart dirigés par des républicains, pour lesquels les régularisations sont illégales.

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Sans l’aval du Congrès. Car il n’est pas question pour eux de "laisser un homme invalider les lois existantes avec une simple signature ou un simple coup de fil". Pour se passer d’un Congrès désormais républicain, Barack Obama avait décidé de prendre sa mesure par simple décret, utilisant son "autorité légale", expliquait alors Le Monde

Dès l’annonce de la décision du juge texan, le département de la Justice a annoncé que "les actions du président entrent tout à fait dans le cadre de ses pouvoirs". Mais la bataille est loin d’être terminée et la prochaine étape pourrait se jouer d’ici quelques jours. Car dans le même temps, les républicains du Congrès font tout ce qu’ils peuvent pour faire annuler la mesure présidentielle par la voie législative.

Vers un nouveau "shutdown" ? Les parlementaires ont jusqu’au 27 février pour voter la loi de financement du département de la Sécurité intérieure, dont dépendent les services d’immigration du pays. Or, le texte rédigé par les républicains comprend plusieurs amendements qui pourraient annuler le plan de régularisation de Barack Obama. Les démocrates, eux, font obstruction contre ce texte. Si la loi n’est pas votée, le département de la Sécurité intérieure pourrait se retrouver sans financement, dans une situation de "shutdown" qui n’est même plus un tabou pour certains : d’après le New York Times, John Boehner, le président républicain de la Chambre des représentants, assure même qu’il est "évidemment" préparé à cette éventualité. 

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