Il vendait de faux détecteurs de bombes

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Charles Carrasco , modifié à
RECIT - James McCormick a vendu des détecteurs de balles de golf pour plusieurs millions d'euros. Il a été condamné.

Il a berné tout le monde pendant des années mais il a été "rattrapé" par la justice britannique. James McCormick, accusé d’avoir fait fortune en vendant de faux détecteurs de bombes, a été reconnu coupable de fraude et condamné à dix ans de prison. Avec son système, cet escroc aurait mis en danger des milliers de vie, notamment en Irak.

Un système révolutionnaire. Ce Britannique de 57 ans a fait fortune en vendant à travers le monde son "Advanced detecting equipment" (ADE) qu'il avait mis au point au début des années 2000 dans sa ferme du Somerset. Cet équipement permettait de détecter, selon son concepteur, la plus petite trace d'explosifs, de drogues, d'ivoire et même des billets de banque… Bref, de trouver une aiguille dans une botte de foin.

Un clip vantant les mérites du détecteur :

Le succès est fulgurant. Son appareil est vendu pour 27.000 livres (31.650 euros) l'unité. En quelques années, l'homme est déjà à la tête d'un capital de plus de 50 millions de livres (59 millions d'euros), raconte le Guardian. Tout le monde s'arrache l'invention : les casques bleus au Liban, l'armée égyptienne, la Syrie, l'Iran, les services pénitenciers de Hong-Kong, ou encore le régime libyen de Kadhafi…

James McCormick 930

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Des détecteurs de balles de golf. Mais dans cette "success story", il y a comme un hic. Son ADE, conçu dans des laboratoires roumains tenus secrets, n'était en réalité pas capable de telles performances. Une étude menée par un laboratoire a prouvé qu'il n'y avait aucune fiabilité dans ce produit. Pire encore : les fils présents dans ces détecteurs ne sont reliés à rien et des capteurs manquent… En réalité, les enquêteurs ont découvert qu'il s'agissait de détecteurs de balles de golf que James McCormick avait trafiqué et qu'il vendait pour une quinzaine d'euros aux Etats-Unis. Selon un expert, l'antenne destinée à détecter des substances suspectes "ressemblait autant à une antenne de radio qu'à un clou de neuf pouces".

golf detecteur bombes 930

© Capture police

Un marché en Irak. Sauf que dans cette escroquerie à grande échelle, le Britannique a mis en péril de nombreuses vies humaines. Son principal marché était l'Irak, comme l'avait révélé en 2010 la BBC. Il aurait vendu près de 6.000 exemplaires d'ADE aux autorités du pays, où les risques d'explosions d'une bombe sont particulièrement élevés, notamment aux "check points". Le parallèle n'a pas pu être officiellement établi mais au moment de "l'heure de gloire" de McCormick, entre 2008 et 2009, plus d'un millier d'Irakiens ont péri, rappelle la BBC. Au total, l'homme d'affaires a vendu près de 6.000 détecteurs à l'Irak pour environ 40 millions d'euros, précise Nigel Rock, policier britannique en charge de l'enquête qui a permis l'arrestation de Jim McCormick en janvier 2010.

Avec tout cet argent, le malfaiteur s'est offert "la dolce vita". James McCormick a ainsi acheté l’ancienne demeure britannique de l’acteur Nicolas Cage d’une valeur de 3,2 millions de livres sterling (3,75 millions d’euros). Et d'autres sommes seraient également "mises au frais" dans des paradis fiscaux…

Des pots-de-vin. Et ce n'est pas tout. L'inefficacité des appareils vendus, détectée par plusieurs soldats américains et britanniques présents en Irak, aurait été occultée par plusieurs hauts responsables irakiens qui auraient touché des pots-de-vin contre leur silence, indique de son côté, le Guardian. Le chef de l'équipe de démineurs de Bagdad ainsi que deux autres personnes ont été arrêtés pour corruption dans cette enquête.