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Le directeur de l’hôpital Al Qods, où trente personnes sont mortes la semaine dernière, raconte le bombardement.
TÉMOIGNAGE

Par chance, il n’était pas dans le bâtiment quand les deux missiles sont venus heurter l’entrée principale de l’hôpital. Hamza Alkateb, directeur de l’hôpital Al Qods à Alep et médecin urgentiste, raconte comment le pilote de l’armée de Bachar al-Assad a procédé pour viser délibérément l’établissement dans la nuit de mercredi à jeudi dernier. Depuis deux autres cliniques et centres médicaux ont été visés à leur tour.

" Quatre minutes plus tard, deux missiles ont touché l’hôpital "

"Il y a d’abord eu une roquette qui est tombée près de l’hôpital, avant que nous soyons visés", détaille-t-il au téléphone. "Et puis, quatre minutes plus tard, deux missiles ont touché l’hôpital". Deux missiles qui ont ravagé la partie du bâtiment qui abritait les urgences. "Le pilote a donc fait un essai pour déterminer son angle de tir avant de revenir et de nous bombarder. Donc il savait exactement ce qu’il faisait", enrage le praticien.

"Ces missiles ont touché la porte principale des urgences, c’est pour cela qu’autant de personnes sont mortes", souligne-t-il. Plus de vingt personnes, civils et médecins, ont perdu la vie ce jour-là. Quand Hamza Alkateb est retourné sur place, impossible pour lui d’accéder au bâtiment. "L’entrée principale, mais aussi celle des urgences, étaient complètement bouchées par les décombres", décrit l’homme, encore sous le choc du bombardement.

"Il reste quand même 350.000 personnes à Alep" 

Mais pour lui, cette attaque est loin d’être surprenante. "Avant la révolution, ce bâtiment était déjà un hôpital", explique-t-il. "Bachar al-Assad savait donc très bien ce qu’il visait".  Depuis plusieurs jours, les raids de l’armée syrienne s’intensifient sur la partie tenue par les rebelles de l’opposition. Une grande partie de la population a fui. Ne sachant pas vraiment où se rendre pour être à l’abri.

"Mais vous savez il reste quand même 350.000 personnes à Alep", insiste Hamza Alkateb. "Il faut donc que nous continuions à les soigner. Il y a deux types de malades que nous recevons à l’hôpital : les 'traumas', c'est-à-dire les blessés ; et le 'tout venant', c’est-à-dire les familles, les enfants, les femmes enceintes".

Pour le moment le bâtiment a été évacué. Mais Hamza Alkateb ne désespère pas de pouvoir continuer à utiliser une partie des sous-sols. "Le système d’eau a été détruit. Nous attendons que les ingénieurs viennent voir et qu’ils nous disent si nous pouvons rester ici", conclut-il.