Hariri de retour au Liban : "Il peut annoncer qu'il redevient un simple citoyen"

Frédéric Encel, docteur en géopolitique.
Frédéric Encel, docteur en géopolitique. © Europe 1
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C.O. , modifié à
Frédéric Encel, docteur en géopolitique, revient mercredi sur Europe 1, sur les questions qui se posent après le retour dans son pays du Premier ministre libanais.
INTERVIEW

Le Premier ministre libanais Saad Hariri est rentré mardi à Beyrouth trois semaines après sa démission choc depuis l'Arabie saoudite, qui a été accusée de l'avoir retenu en "otage". Un retour qui a lieu le jour de la fête nationale libanaise. Pour autant, le président du Liban n'a toujours pas accepté sa démission. "Il est démissionnaire mais à partir du moment où cela n'est pas accepté par le président de l'Etat qui dispose des principales prérogatives dans le pays, il n'est pas démissionnaire", souligne mercredi Frédéric Encel, docteur en géopolitique, au micro de Raphaëlle Duchemin dans Europe 1 Bonjour. "Mais il peut rentrer à Beyrouth et annoncer qu'il redevient un simple citoyen et là le Président sera bien obligé d'en tenir compte". Pour le spécialiste, c'est vraisemblablement ce qui va se passer.  

Le poids du Hezbollah. En démissionnant, le Premier ministre a dénoncé la "mainmise" de l'Iran et du Hezbollah sur les affaires libanaises et leur ingérence dans les conflits de la région, notamment au Yémen et en Syrie. "Le Hezbollah est un Etat dans l'Etat. Ce n'est même plus une milice, on a affaire à une véritable armée", détaille Frédéric Encel, auteur du "Dictionnaire géopolitique". Une mainmise qui agace particulièrement les Saoudiens, ennemis historiques de l'Iran, et qui n'ont guère goûté l'impuissance de Saad Hariri, lui-même d'origine saoudienne, à contrebalancer l'influence du Hezbollah. "Dans cette guerre froide entre l'Arabie Saoudite et l'Iran, le Hezbollah joue le rôle de bras armé de l'Iran", confirme le docteur en géopolitique.

Vers un blocage du Liban ? Si Saad Hariri devait réitérer sa démission, le pays pourrait être dans un premier temps bloqué. "Je doute que les Saoudiens acceptent un autre Premier ministre. C'est lui qu'ils voulaient à condition que le Hezbollah soit chassé du gouvernement. Car au fond l'Arabie Saoudite a exercé des pressions sur Hariri parce qu'il fonctionnait institutionnellement avec leur ennemi", rappelle Frédéric Encel. "Les Saoudiens voudraient un blocage du pays. Pour autant, cela ne serait pas si catastrophique que ça. Pendant un an, il n'y a pas eu de président au Liban et l'Etat a continué à fonctionner globalement", nuance le spécialiste.