Haïti: le choléra chez les Casques bleus

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avec Mathhieu Bock , modifié à
Le foyer infectieux de l’épidémie est parti du camp de l’ONU, selon un rapport d’expert.

L'épidémie de choléra qui sévit en Haïti est bel et bien partie du camp des Casques bleus népalais, selon un rapport d'expert remis au ministère français des Affaires étrangères et cité par l’AFP, mardi. Le rapport a été rédigé par l’épidémiologiste français Renaud Piarroux, envoyé en mission par la France à la demande du ministère haïtien de la Santé. L’enquête a été transmise à l’ONU.

Selon ce rapport, "le foyer infectieux est parti du camp des Népalais", situé à Mirebalais, près du fleuve de l'Artibonite. "Il n'y a pas d'autre explication possible que ça sur le développement de l'épidémie dans un contexte où il n'y avait pas de choléra dans le pays, et compte tenu de l'intensité, de la vitesse de propagation et de la concentration de vibrion (bacille, NDLR) dans le delta de l'Artibonite", précise une autre source citée par l’AFP.

L'armée népalaise a fermement condamné mercredi ce rapport, affirmant qu'aucune preuve n'étaye ces accusations. Un porte-parole de l'armée, Ramindra Chhetri, a affirmé que le document ne contenait aucune preuve de l'implication directe des troupes népalaises. "C'est une conclusion hypothétique et nous condamnons fermement de telles allégations sans faits ni preuves solides", a-t-il déclaré.

Des troubles et des violences à l'encontre des Casques bleus népalais avaient eu lieu après des rumeurs selon lesquelles l'épidémie se serait propagée à partir du camp de la Minustah (Mission de stabilisation de l'ONU en Haïti).

"On avait vu que les soldats népalais infectaient le fleuve"

Pour le journaliste haïtien Carel Pedre, il ne faisait pas de doute que "la maladie avait été importée". "On avait vu que les soldats népalais infectaient le fleuve puisque leurs toilettes étaient à quelques minutes". Le déversement de matière fécale dans le delta du fleuve de l'Artibonite pourrait être à l'origine de la propagation de l’épidémie.

La bactérie du choléra, qui se transmet généralement d'homme à homme, peut aussi se transmettre par l'eau. Les premiers cas signalés étaient ceux de personnes ayant bu l'eau du delta haïtien de l'Artibonite.

L'épidémie de choléra a déjà fait plus de 2.000 morts dans le pays. Plus de 90.000 cas ont été enregistrés, selon un nouveau bilan communiqué lundi par le ministère de la Santé en Haïti.