Haïti : Gérard Latortue redoute l’anarchie

  • Copié
, modifié à
Premier ministre d’Haïti entre 2004 et 2006, Gérard Latortue appelle les pays étrangers à pallier les carences du gouvernement local.

Trois jours après le puissant séisme qui a dévasté Haïti, le pays reste en proie à une certaine anarchie. "Le pays n’arrive pas encore à se remettre sur ses pieds. La panique est généralisée", a raconté sur Europe 1 Gérard Latortue, Premier ministre de 2004 à 2006. "Le gouvernement jusqu’à présent est pratiquement absent parce que tous ses membres ont des parents qui ont été victimes, eux-mêmes ont été victimes. Il n’y a personne de disponible pour le moment."

Vendredi matin, Gérard Latortue en appelle donc aux pays étrangers. "Aujourd’hui, la France et les Etats-Unis essayent de s’entendre pour coordonner leur aide. Je souhaite que cette coordination inclue le Canada, le Brésil et des Etats américains. Il faut que tous les pays s’entendent, car la coordination de l’aide est essentielle", a estimé Gérard Latortue.

L’idée est ensuite de rendre petit à petit au gouvernement local ses prérogatives. "Du point de vue théorique, j’ai toujours pensé que cette coordination devait être faite par le gouvernement, a poursuivi Gérard Latortue. Mais si pour le moment nous avons un gouvernement qui ne peut pas faire face à cette responsabilité, alors il faut que cette coordination soit effectuée par un groupe de pays amis. Et progressivement, quand le gouvernement remettra en place toutes les institutions, on lui passera la responsabilité totale."

"La crainte est double", a encore estimé Gérard Latortue. "D’abord l’anarchie provoquée par le chaos institutionnel existant, mais aussi l’anarchie du fait que la population va commencer à s’énerver. Les gens n’ont rien et on risque de tomber sur des scènes de pillage. (…) Aujourd’hui à Port-au-Prince, les vivants sont couchés à côté des morts. C’est une situation indescriptible."

Ecoutez un extrait dans lequel Gérard latortue exprime ses craintes sur la situation en Haïti :

Enfin, si l’ancien Premier ministre s’est réjoui de la prochaine visite de Nicolas Sarkozy en Haïti, il nourrit tout de même quelques griefs contre la France. "Je trouve inacceptable l’idée qu’Haïti, indépendant depuis 1804, soit la seule ancienne colonie français qui n’a jamais reçu la visite d’un chef d’Etat français. Intellectuellement, j’aime beaucoup la France, mais c’est une des choses que je ne peux pas comprendre."

> Le monde au chevet d'Haïti

> Sarkozy se rendra en Haïti