Grèce : le numéro d'équilibriste de Tsipras

© AFP / SIMELA PANTZARTZ
  • Copié
, modifié à
BAPTÊME - Alexis Tsipras a réuni son gouvernement pour la première fois. Face aux créanciers de la Grèce, il se veut déterminé mais sans agressivité.

Exercice d'équilibriste. Le premier conseil des ministres du gouvernement d'Alexis Tsipras a tenu toutes ses promesses. Après la large victoire de la coalition de gauche aux élections législatives de dimanche, le nouveau Premier ministre a dû réaliser un beau numéro d'équilibriste pour tenir sa ligne. D'un côté, ne pas braquer les institutions européennes, et encore moins les marchés, au risque de voir les taux de remboursement du déficit grec exploser. De l'autre, rester ferme dans son intention d'obtenir un allègement de la dette.

>> LIRE AUSSI - Quelles sont les échéances à venir pour la Grèce ?

La bourse d'Athènes plonge, le gouvernement stoppe les privatisations. Une phrase résume bien l'ambivalence du discours tenu par le nouveau chef du gouvernement : "Nous n'entrerons pas dans un affrontement mutuellement destructeur (avec l'UE, ndlr) mais nous ne poursuivrons pas une politique de soumission." Pas sûr cependant que la formule ait parfaitement fonctionné, puisque la bourse d'Athènes a chuté de 6% pendant la réunion tandis que les taux d'intérêts du remboursement de la dette grecque sur 10 ans ont dépassé la barre symbolique des 10%. En cause pour les marchés, l'interruption des programmes de privatisation de nombreuses institutions comme celle de l'autorité portuaire du Pirée ou de la compagnie électrique PCC.

>> LIRE AUSSI - Pourquoi les négociations avec l'UE seront difficiles

Le président de l'Eurogroupe à Athènes vendredi. Mais qu'importe pour Alexis Tsipras, il fallait montrer tout son volontarisme politique. C'est pourquoi il a déclaré être prêt à "verser son sang" pour "rétablir la dignité des Grecs". Le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem, qui se rendra vendredi à Athènes, est prévenu. 

>> LIRE AUSSI - En Grèce, le succès de Syriza inquiète les classes moyennes

La Grèce et l'UE en désaccord sur la Russie. Ces déclarations surviennent alors que la chancelière Angela Merkel, visiblement peu ravie de la victoire de Syriza, a rappelé que le maintien de la Grèce dans l'Union Européenne impliquait "le respect des engagements". Autre point de friction, la position d'Alexis Tsipras sur la Russie, comme le rapporte Euobserver (en anglais). Le Premier ministre grec a tenu mardi à marquer son désaccord après que la diplomatie de l'UE a publié un communiqué accusant la Russie d'avoir une responsabilité dans le bombardement de Marioupol, en Ukraine, qui a fait 30 morts. "La Grèce ne souscrit pas à cette déclaration", a rétorqué le chef du gouvernement. Que ce soit sur le plan financier ou sur le front de la politique extérieure, les prochaines semaines s'annoncent agitées du côté d'Athènes.