Grèce : Syriza veut rassurer ses voisins européens

© AFP/ANGELOS TZORTZINIS
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Rarement des élections législatives dans un pays européen n’auront eu un tel retentissement hors de ses frontières. Le parti favori veut dédramatiser son programme auprès des partenaires de l’Union.

Bruxelles scrute la Grèce avec beaucoup d’attention. Pas encore paniquée mais résolument concernée, la zone euro se demande comment vont voter les Grecs le 25 janvier prochain, jour des élections législatives. Syriza est toujours en tête des intentions de vote. Sa campagne électorale, le parti de gauche radicale la joue dans le pays, mais aussi en-dehors. Syriza tente notamment de rassurer investisseurs et partenaires européens à la veille d’un possible bouleversement politique.

Car si Syriza est élu, son leader Alexis Tsipras a promis de balayer les politiques d’austérité imposées par la troïka, composée du Fonds monétaire international, de la Banque centrale et de la zone euro qui financent la sortie de crise du pays. Il entend également remettre sur la table la question de la dette du pays – qui s’élève à 174% de son PIB. "Nous dirons à nos créanciers qu’une dette n’est pas viable quand elle étrangle l’Etat social et la croissance", annonce mercredi sur Europe 1 Yiannis Milios, l’économiste en chef du parti.

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Choisir ses mots. Avec l’annonce d’élections anticipées en Grèce, le parti favori essaye de lisser son image. Les termes sont choisis : on ne parle plus d’annuler la dette, mais de "la restructurer", en négociant avec la troïka. "On n’a jamais dit qu’on ne paierait pas les créanciers", affirme sur Europe 1 Odysseas Boudours, un député grec qui soutient le parti. Lui aussi tient à faire une nuance entre renégociation et annulation. "Personne en Europe n’a intérêt à un défaut de paiement de la Grèce", appuie Yiannis Milios, qui estime qu’il "ne faut pas penser qu’en terme de guerre. Dans une négociation,  il y a toujours la menace, mais normalement, on n’arrive jamais vraiment à la guerre". Le mot d’ordre est donc le dialogue avec les potentiels futurs partenaires.

Sans modifier profondément son programme, Syriza affine sa stratégie de communication à l’étranger. Odysseas Boudouris appelle à s’interroger : "La façon dont on pose les questions n’est pas anodine. Les Grecs se demandent plutôt : ‘Est-ce que Syriza est un espoir pour la Grèce et l’Europe ?’"

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Se déplacer et dialoguer. En coulisses, l’attitude se fait également moins virulente. Très discrètement, les leaders du parti s’emploient tous à convaincre les investisseurs partout en Europe, à rassurer sur leurs intentions et le sérieux de leur projet. La semaine prochaine, Yianis Milios ira en Allemagne, laissant sa petite statuette de Mao trôner sur son étagère, en Grèce.

>> Voir aussi l'interview intégrale d'Odysseas Boudouris :

Syriza est-il un danger pour la Grèce, pour l...par Europe1fr