Grèce : foule et lacrymo place Syntagma

© REUTERS
  • Copié
avec Fabien Thelma et agences , modifié à
La police anti-émeutes a dû évacuer les manifestants de la place Syntagma à Athènes.

Une journée très mouvementée en Grèce. Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté mercredi devant le Parlement à Athènes en pleine journée de grève nationale à l'appel des syndicats pour dénoncer les nouvelles mesures d'austérité visant à sortir la Grèce de la crise financière. Des échauffourées entre protestataires et forces de l'ordre ont éclaté sur la principale place de la capitale, la place Syntagma.

Cette manifestation atypique regroupait des syndicats traditionnels et des milliers de membres du groupe de résistance populaire des "Indignés" qui campent depuis le 25 mai au coeur d'Athènes, juste devant le Parlement. Les protestataires ne sont pas parvenus à réaliser leur objectif qui était de former une chaîne humaine pour encercler symboliquement le parlement, où le vote sur le plan budgétaire est attendu pour fin juin. Mais l'impact de ces protestations retransmises en direct sur les chaînes de télévisions internationales, a été massif, les gens représentés dans les défilés se démarquant largement du profil des manifestants grecs traditionnels.

"No pasaran"

Des centaines de manifestants appartenant au mouvement de protestation populaire des "Indignés", avaient afflué pacifiquement tôt dans la matinée sur la place centrale Syntagma, submergée par des drapeaux grecs ou espagnols ainsi que des banderoles, dont plusieurs indiquaient "No pasaran" ("ils ne passeront pas", en espagnol).

En fin de matinée, environ 1.500 policiers avaient bouclé une partie du centre de la capitale et avaient érigé une barrière de métal de deux mètres de haut devant l'assemblée. Des véhicules des forces de l'ordre ainsi que des canons à eau étaient également mobilisés. La police anti-émeutes a fait usage de gaz lacrymogènes pour repousser les manifestants et permettre aux voitures conduisant les autorités de pénétrer dans l'enceinte du Parlement. "La place Syntagma est rapidement devenue irrespirable", a raconté l'envoyé spécial d'Europe 1 sur place. Les manifestants ont été éparpillés mais n'ont pas quitté la place pour autant.

La place Syntagma envahie de fumigènes

En milieu d'après-midi, la place Syntagma a été le théâtre d'échauffourées. Elle a été envahie de fumigènes et de gaz lacrymogènes fortement irritants, contraignant finalement de nombreux manifestants à libérer les lieux malgré les appels des "Indignés" à rester sur place. "C'est une partie de cache-cache qui s'est engagée dans les rues d'Athènes", a témoigné l'envoyé spécial d'Europe 1. "Les protestataires veulent à tout prix conserver leurs positions mais la police anti-émeute est bien décidée à les déloger", a-t-il expliqué.

Regardez ces images des affrontements entre police et manifestants :

Une douzaine de blessés

Au total, au moins une douzaine de personnes ont été blessées à Athènes mercredi, selon des sources officielles. "Nous avons deux ou trois officiers qui sont dans une état grave", a indiqué un porte-parole de la police, Thanassis Kokkalakis, sur la chaîne de télévision Skai. "L'un d'entre eux a été blessé à l'oreille par un pistolet d'alarme et un autre a perdu plusieurs doigts", a-t-il dit.

Campant sur la place Syntagma depuis trois semaines, les "Indignés" grecs avaient prévu de former une chaîne humaine et d'encercler le parlement, où doit commencer mercredi l'examen du projet de loi budgétaire comprenant un nouveau volet d'austérité d'ici à 2015, dicté par les créanciers du pays, l'Union européenne et le Fonds monétaire international. Selon la police, plus de 20.000 personnes ont manifesté au total à Athènes. D'après les médias, le nombre des manifestants était de 40.000. En début de soirée, pour tenter d'éteindre l'incendie, le Premier ministre grec, Georges Papandreou, a annoncé un remaniement.