Grèce : à quoi joue Papandréou ?

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Son annonce d’un référendum embarrasse la zone euro et n'arrange pas ses affaires en Grèce.

Le pari d’organiser un référendum sur le plan de sauvetage de la Grèce a pris de court tous ses partenaires européens, agacés de voir menacé un plan si difficile à finaliser. Le choix du Georges Papandréou n’est pas mieux accueilli en Grèce, où le Premier ministre doit faire face à une opposition sans précédent.

Même son gouvernement est surpris

A la vue de leurs réactions, Georges Papandréou n’avait pas prévenu ses partenaires européens. Mais il y a plus grave : son propre gouvernement n’était pas au courant.

"C’est très, très mal accueilli, non seulement pas l’opposition, mais aussi par les membres du parti socialiste au pouvoir, qui n’étaient pas au courant", a confirmé Philippe Cergel, correspondant d’Europe 1 en Grèce.  "Les députés se succèdent à la radio, à la télévision, pour expliquer qu’ils ne sont pas d’accord", a-t-il ajouté.

Répondre à la pression de la rue

Si le futur référendum n’arrange pas la majorité socialiste, il a pour mérite de permettre aux Grecs de se réapproprier la question de la dette. "Les gouvernements ne peuvent plus faire passer en catimini des plans d'austérité sociale sans que les citoyens ne soient entendus", a réagi mardi la coprésidente d'Attac France, Aurélie Trouvé.

Problème : persuadés que leurs banques et leurs élites sont responsables, déjà frappés par une succession de plans d’austérité, les Grecs ne veulent plus payer. Selon un dernier sondage, le non au référendum l’emporterait à 60%.

Pousser jusqu’au point de rupture…

Si les Grecs refusent le plan de sauvetage, le gouvernement devra en tirer la conclusion qu’il n’a plus le soutien des citoyens et donc démissionner. La Grèce a d’ailleurs annoncé mardi soir avoir changé tout son état major militaire, des nominations qu’un chef d’Etat réalise généralement avant de quitter le pouvoir.

De là à considérer comme imminente la démission de George Papandreou, il n’y a qu’un pas. Georges Prévélakis, professeur à l’Université Paris 1 et spécialiste de la Grèce, ne s’embarrasse pas de ce genre de précaution. A ses yeux, "le départ de Papandréou est une question d’heures", a-t-il déclaré au Jdd.fr.

…pour mieux faire passer l'austérité ?

Le porte-parole adjoint du gouvernement a confirmé mardi soir qu’un refus, y compris lors de la consultation préalable du Parlement, provoquerait d'éventuels changements politiques à la tête du pays. Deux de ses collègues se sont d’ailleurs prononcés pour des élections anticipées.

Le centre-droit serait alors assuré de l’emporter, mais pas certain de mieux mener une politique d’austérité. Reste alors l’hypothèse d’un gouvernement d’union nationale pour tenter de mieux faire accepter l’austérité.