Génocide arménien : malaise à droite

Gérard Larcher, ancien président UMP du Sénat, ne votera pas la proposition de loi condamnant la négation des génocides, dont le génocide arménien.
Gérard Larcher, ancien président UMP du Sénat, ne votera pas la proposition de loi condamnant la négation des génocides, dont le génocide arménien. © Europe 1
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L.B avec agences , modifié à
REACTIONS - Certains grincent des dents face à ce texte pourtant porté par l'UMP.

A priori, la députée UMP Valérie Boyer n'a pas de souci à se faire. Sa proposition de loi condamnant la négation des génocides, dont le génocide arménien peut aussi bien compter sur le soutien du gouvernement, que sur celui de ses collègues députés, à droite comme à gauche. Selon toute logique, l'Assemblée devrait donc voter la proposition jeudi. Mais des voix s'élèvent dans la majorité pour faire entendre leur différence de point de vue.  

Accoyer et Larcher contre

La proposition de loi ne reçoit pas, par exemple, pas les faveurs du président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer. "A titre personnel, celui-ci s'est déclaré mardi, "pas favorable" aux lois "qui prétendent encadrer le travail des historiens".

Mercredi, c'est l'ancien président du Sénat Gérard Larcher qui a fait entendre sa petite musique. Sur Europe 1, le sénateur des Yvelines s'est souvenu avoir entendu en 2008 Bernard Accoyer, assurer que "le rôle du Parlement, ce n'est pas de faire des lois mémorielles".

"Laissons aux historiens le soin de déterminer ce qu'a été la réalité de l'histoire", a poursuivi Gérard Larcher, citant au passage les sénateurs Robert Badinter (PS) et Jean-Jacques Hyest (UMP). Ces derniers avaient soulevé en mai dernier "l'irrecevabilité constitutionnelle de ce type de proposition ou projet de loi". Gérard Larcher a par ailleurs "clairement" annoncé la couleur : "je ne voterai pas un tel texte".

Les hésitations de Juppé

La proposition de loi, à laquelle le chef de l'Etat est lui très attaché, ne ferait pas non plus l'unanimité au sein du gouvernement. LesEchos rapportaient, il y a une semaine, que le ministre des Affaires étrangères, en personne, avait émis quelques réserves.

"Dans le huis clos du Conseil des ministres, le chef de la diplomatie (...) a ainsi regretté (...) que la proposition de loi portée par la députée UMP Valérie Boyer (...) soit discutée sur le temps du gouvernement et pas sur le temps parlementaire", écrivaient Les Echos. "Une erreur à ses yeux dans la mesure où la Turquie, pays allié et un important partenaire commercial de la France, en tirera la conclusion que l’exécutif la soutient", concluait le journal.

La Droite populaire dit non

Preuve qu'un certain malaise existe dans les rangs de la majorité, la désormais très influente Droite populaire fait elle aussi la grimace. Le député Jacques Myard a d'ores et déjà annoncé qu'il votera contre la proposition de loi, ironisant sur le fait que "bientôt, on pénalisera ceux qui contestent que le Christ a été crucifié ! "  

Le député des Alpes-Maritimes Lionnel Luca a également jugé que "l'on est arrivé à un stade où, au pays des droits de l'Homme, il est interdit de parler. On est arrivé à un pays stalinien ! ", a-t-il conclu.

Le texte ayant le soutien de l'ensemble des députés de gauche et l'appui de l'exécutif, Christian Jacob, chef de file des députés UMP, a toutefois assuré que "le texte sera adopté sans difficulté". A 24 heures du vote à l'Assemblée, la Turquie continue de son côté à faire pression sur la France pour renoncer à une loi "inacceptable".