Gaz de schiste : des enfants forcés au silence

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avec AFP
Aux États-Unis, deux enfants de 7 et 10 ans ont interdiction d’évoquer le sujet en public.

L’INFO. La famille Hallowich se retrouve dans une situation ubuesque. Après un accord à l’amiable avec des compagnies exploitant du gaz de schiste, ces Américains de Pennsylvanie n’ont plus le droit d’évoquer cette industrie en public. L’interdiction s’applique aux parents, mais aussi… à leurs deux enfants, âgés de 7 et 10 ans.

Un accord entériné en 2011. Tout commence quand Chris et Stephanie Hallowich décident de poursuivre en justice trois compagnies pétrolières, Range Resources, William Gas/Laurel Mountain Midstream et MarkWest Energy, exploitant un gisement de gaz de schiste situé près de leur ferme. Le couple estime que les produits chimiques utilisés par les industriels ont des conséquences sur leur santé et celle de leurs enfants, provoquant des brûlures aux yeux, à la gorge et aux oreilles, ainsi que des maux de tête. Un accord à l’amiable finit par être passé en 2011. Il était resté confidentiel, jusqu’à ce que le Pittsburg Post Gazette le révèle, début août.

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Un silence à 750.000 dollars. Selon les termes de l’accord entériné par la justice, les Hallowich ont touché 750.000 dollars, soit plus de 560.000 euros. En échange, la famille a interdiction à vie d’évoquer le gaz de schiste. Dans le droit américain, une telle condition, appelée "gag order" ("injonction de silence"), n’est pas inhabituelle et est fréquemment utilisée dans le secteur, note le quotidien britannique The Guardian. Ce qui est plus surprenant, c’est que cette injonction de silence à vie s’applique aussi aux deux enfants mineurs du couple. Pour l’avocat du couple, c’est du jamais-vu en trente ans de carrière.

Comment faire taire les enfants ? Si le couple a accepté l’accord, c’est pour pouvoir "retirer ses enfants de cet endroit", a expliqué Stephanie Hallowich, peut-on lire dans le compte-rendu de l’audience de 2011. "Nous pouvons leur expliquer qu’ils ne peuvent pas parler de cela", a de son côté indiqué son mari, pointant le fait que les parents "ne peuvent pas contrôler ce qui se passe dans la cour de récréation". Un endroit où, dans cette région où l’industrie du gaz de schiste est en pleine expansion, de nombreux enfants ont des parents travaillant dans le secteur.