Fusillade de Las Vegas : la spirale macabre de Stephen Paddock

L'homme vivait dans un quartier réservé aux retraités.
L'homme vivait dans un quartier réservé aux retraités. © AFP
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M.L avec AFP
Cinq jours après la fusillade la plus meurtrière de l'histoire américaine moderne, les enquêteurs dessinent le parcours de Stephen Paddock, qui semblait avoir soigneusement préparé son geste.

 

Comment un sexagénaire "gentil attentif, tranquille", selon les termes de sa compagne, Marilou Danley, a-t-il pu tirer sur la foule d'un concert pendant dix minutes, tuant 58 personnes et en blessant des centaines d'autres ? C'est la question à laquelle tentent de répondre les enquêteurs cinq jours après la fusillade la plus meurtrière depuis 25 ans aux États-Unis. Selon les premières investigations, Stephen Paddock, résident d'un quartier paisible réservé aux retraités et inconnu des services de police, préméditait son geste depuis plusieurs semaines.

Un virement de 100.000 dollars à sa compagne. "C'était juste un mec normal sans histoire. Il est allé à l'université, il a travaillé, il a été gentil avec mes enfants, il a envoyé des gâteaux à notre mère en Floride après l'ouragan", déplorait Eric, le frère du tueur, quelques heures après le drame. L'ancien comptable, titulaire d'un permis de chasse mais "pas fan" des armes à feu, seulement un peu accro aux jeux, a-t-il été pris d'un coup de folie dans les jours précédant son geste ? S'il est encore trop tôt pour le savoir, plusieurs éléments suggèrent un basculement opéré sur un temps plus long.

Si l'homme n'a jamais "laissé entrevoir" que "quelque chose d'horrible allait se passer" à sa compagne, il lui a en effet acheté un billet d'avion pour les Philippines, dont elle est originaire, deux semaines avant le drame. Là-bas, il lui a transféré une importante somme d'argent - 100.000 dollars selon certaines informations de presse -"en disant que c'était pour que j'achète une maison pour moi et ma famille". La sexuagénaire au visage souriant, selon une photo diffusée par la police, y avait simplement vu "une manière de rompre" avec elle.

Une préméditation mais pas de mobile. Pour la sœur de Marilou Danley, ce timing est loin d'être une coïncidence : "Je suis sûre qu'elle ne sait rien, comme nous. Il l'a envoyée au loin. Elle était loin pour ne pas interférer avec ses plans." Des plans soigneusement préparés, bien qu'on ne connaisse pas encore leur mobile : Stephen Paddock avait accumulé un arsenal de 47 fusils et armes de poing, des explosifs et des milliers de munitions. 1.600 cartouches ont été retrouvées dans sa voiture par les enquêteurs. Malgré la revendication de l'Etat islamique, la police exclut pour l'instant la piste terroriste, aucun lien entre l'organisation djihadiste et le suspect n'ayant pu être établi.

Les entretiens des enquêteurs avec le frère et la compagne du retraité n'ont pas permis d'y voir plus clair dans ses motivations. Plusieurs informations de presse suggèrent en revanche un temps de gestation du drame plus long que la période d'exil de Marilou Danley. D'après le quotidien Las Vegas Review Journal, le tueur aurait ainsi fait l'objet d'une ordonnance pour un anxiolytique - type valium - en juin, médicament qui peut générer des comportements agressifs. Le shérif de Las Vegas a confirmé que les possibles indices d'une maladie mentale étaient étudiés par les enquêteurs.    

Dernier élément troublant : un homme répondant également au nom de Stephen Paddock a réservé, durant l'été, une chambre qui surplombait le site du célèbre festival Lollapalooza, à Chicago. Le client ne s'est pas présenté, mais sa période de réservation correspondant avec le festival qui s'est tenu début août et auquel ont participé des centaines de milliers de personnes dont Malia, la fille aînée de l'ancien président Barack Obama. Selon des médias américains, le tireur aurait aussi effectué des recherches sur internet à propos d'un stade de baseball et d'un centre d'art à Boston. Les enquêteurs cherchent désormais à déterminer s'il s'agissait de cibles potentielles.

 

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