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Nicole Bacharan, politologue franco-américaine revient sur la fusillade dans laquelle cinq policiers ont été abattus et sept autres blessés à Dallas.

Sept morts en deux jours. Jeudi soir, alors que des centaines de personnes manifestaient à Dallas pour dénoncer la mort de deux Afro-Américains abattus par des policiers dans le Minnesota et en Louisiane, au moins un tireur embusqué a tué cinq policiers, expliquant qu'il "voulait tuer des blancs". Ces événements montrent-ils que la fracture raciale est toujours prégnante aux Etats-Unis ? "Il y a en tous cas un domaine où on a le sentiment que ça ne bouge pas, c'est le traitement des minorités et particulièrement des Noirs, par le système judiciaire", a analysé vendredi sur Europe 1 Nicole Bacharan, politologue franco-américaine et spécialiste des Etats-Unis.

L'attaque d'un sniper, "une première". "La police, les tribunaux, les prisons et même parfois jusqu'à la peine de mort…" énumère la spécialiste. "Il y a beaucoup plus de Noirs qui sont victimes de bavures et donc de meurtres par la police, et donc 50% des prisonniers sont noirs : on a vraiment le sentiment que l'on avance pas". En revanche, le meurtre de policiers par un tireur embusqué est "une première" pour Nicole Bacharan : "le sniper qui s'attaque directement à la police, en ayant le temps de dire que sa motivation était de tuer des blancs (...), on n'a jamais vu ça". L'experte craint que ce tournant permette à la police "de pousser pour une certaine impunité, pour des actes qui sont complètement injustifiables".

"L'objet d'un débat" pour la présidentielle. Ces meurtres peuvent-ils avoir une incidence sur la campagne présidentielle ? "Je pense que ça va être l'objet d'un débat entre les candidats, entre les partis, au fur et à mesure que la campagne avance", explique Nicole Bacharan. "Jeudi, Hillary Clinton a fait passer un tweet qui se terminait par le slogan 'blacklivesmatter' (les vies noires comptent, ndlr), se rangeant du côté des Noirs qui ont été tués par la police. Aujourd'hui, la tuerie de Dallas va plutôt dans le sens où il faut renforcer la loi et l'ordre, et j'ai le sentiment que ça renforcerait plutôt un Donald Trump", avance la politologue.