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C. Bl
Arnaud Vaulerin est correspondant pour Libération en Asie, auteur de La Désolation, les Humains jetables de Fukushima, il voit toujours l'ombre de la catastrophe planer sur le Japon. 
INTERVIEW

Il y a cinq ans, le Japon était secoué par un séisme, un tsunami et un accident nucléaire. Après la catastrophe, le pays est toujours en reconstruction. La large "zone rouge", contaminée par le nuage nucléaire a changé de visage. "La région autour de la centrale ressemble à une zone morte et fantôme, raconte Arnaud Vaulerin dans Europe Midi vendredi. C'est rempli de villages qui sont complètement désertés en voie de décontamination et des habitations, des rivières, des champs qui sont complètement laissés à l'abandon."

Une "impression très étrange". Un paysage qui laisse une impression "très étrange quand on connaît le Japon, quand on sait que les Japonais mettent beaucoup de soin à entretenir leur nature, leurs jardins et leurs rivières", témoigne Arnaud Vaulerin. Depuis cinq ans, les habitants ont quitté la zone rouge, remplacés sur place par des ouvriers qui travaillent à décontaminer les villages.

Des ouvriers recrutés par la mafia". "Il y a des milliers d'ouvriers qui en dehors de la centrale décontaminent tous ces villages. Il est très difficile de savoir comment ça se passe pour eux", explique Arnaud Vaulerin qui a recueilli dans son livre le témoignage de ces hommes. "Certaines entreprises font les choses très bien, elles donnent à leurs salariés des conditions salariales, des conditions de santé plutôt bonnes. D'autres, en revanche font n'importe quoi, paient leurs employés au lance-pierre, parfois certains ouvriers sont recrutés par la mafia", raconte-t-il. 

"Ne pas penser aux choses tristes". Aujourd'hui, le pays commémore la catastrophe, mais Arnaud Vaulerin a constaté "une volonté d'oubli", "une indifférence" de la part des Japonais. "On ne peut pas dire que les Japonais ont vite oublié mais il y a le besoin de ne pas penser aux choses tristes, il y a quand même eu ce 11 mars 2011 près de 19.000 morts", rappelle le correspondant de Libération.