"Femmes de réconfort" : Séoul réévalue l'accord conclu avec Tokyo

Oh Tai-Kyu, femmes de réconfort, Corée du Sud crédit : STR / YONHAP / AFP - 1280
Oh Tai-Kyu, chef de l'équipe chargée de cette mission va notamment tenter de déterminer "si l'opinion des victimes est complètement reflétée par l'accord" © STR / YONHAP / AFP
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avec AFP , modifié à
En décembre 2015, la Corée du Sud et le Japon avaient conclu un accord "définitif et irréversible" aux termes duquel le Japon offrait ses "excuses sincères" et versait un milliard de yens (7,5 millions d'euros) de dédommagements.

La Corée du Sud a lancé lundi une procédure de réévaluation officielle d'un accord controversé passé avec Tokyo par le précédent gouvernement sur les "femmes de réconfort", les esclaves sexuelles de l'armée impériale nippone.

200.000 victimes. Cette question empoisonne les relations entre Séoul et Tokyo depuis des décennies, nombre de Sud-Coréens y voyant le symbole des abus et violences commis par le Japon sous sa domination coloniale de 1910 à 1945. La plupart des historiens estiment que jusqu'à 200.000 femmes, essentiellement des Coréennes mais aussi des Chinoises, des Indonésiennes et des ressortissantes d'autres pays asiatiques, ont été enrôlées de force dans les bordels de l'armée impériale.

Un accord "définitif et irréversible". En décembre 2015, la Corée du Sud et le Japon avaient conclu un accord "définitif et irréversible" aux termes duquel le Japon offrait ses "excuses sincères" et versait un milliard de yens (7,5 millions d'euros) de dédommagements à une fondation afin d'aider les rares "femmes de réconfort" sud-coréennes toujours en vie.

Les négociations et l'accord passés au crible. Le processus ayant conduit le précédent gouvernement conservateur de Park Geung-Hye à conclure cet accord sera passé en revue par une équipe spéciale qui a commencé ses travaux lundi, a annoncé le ministère des Affaires étrangères. Ses conclusions seront rendues publiques avant la fin de l'année. Cette remise à plat faisait partie des promesses électorales du nouveau président de centre gauche Moon Jae-In.

Les Sud-Coréens hostiles à l'accord estiment qu'il ne va pas assez loin et que Tokyo n'assume pas suffisamment ses responsabilités. "Notre tâche est de réévaluer de fond en comble les négociations et l'accord lui-même", a déclaré à la presse Oh Tai-Kyu, chef de cette équipe de neuf membres. Celle-ci va notamment tenter de déterminer "si l'opinion des victimes est complètement reflétée par l'accord".

Des relations qui vont se tendre. Cette décision va compliquer les relations avec Tokyo au moment où les deux pays, alliés de Washington, font face aux menaces croissantes de la Corée du Nord. Depuis la signature de l'accord, Tokyo n'a eu de cesse de presser Séoul de démanteler la statue d'une jeune femme érigée devant l'ambassade du Japon à Séoul pour symboliser les souffrances des "femmes de réconfort". Mais d'autres statues ont été mises en place, y compris devant le consulat du Japon à Busan, ce qui a conduit Tokyo a rappeler récemment pendant trois mois son ambassadeur.