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M.B. , modifié à
Ancien ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius est revenu, mercredi au micro d'Europe 1, sur la décision du président américain de ne pas intervenir en Syrie, en 2012.
INTERVIEW

La guerre en Syrie aurait-elle pu être évitée ? Selon Laurent Fabius, deux événements majeurs ont fait basculer le pays dans une guerre longue et empêché une résolution rapide de la crise syrienne. Le premier, en juin 2012, lorsque la Russie s'est opposé à un accord international. Et le second, fin août 2013, lorsque "le président Obama a refusé qu'il y ait une intervention" contre Bachar Al-Assad, qui venait d'utiliser des armes chimiques contre son peuple, "alors qu'elle était préparée". 

"Des conséquences dans le monde entier". "Barack Obama, pour des raisons de fond, n'a pas voulu intervenir [en Syrie], ce qui a créé une espèce de vide", a expliqué l'ancien ministre des Affaires étrangères mercredi, au micro d'Europe 1. "Cela a eu des conséquences non seulement en Syrie et en Irak, mais dans le monde entier." Une décision avec laquelle John Kerry comme Hillary Clinton n'étaient pas d'accord, assure Laurent Fabius, mais que Barack Obama a justifiée. 

Obama hostile aux interventions. "Il considère au fond que l'Europe et le Moyen-Orient ne sont pas décisifs", a ainsi rappelé Laurent Fabius. Le regard du président américain est plus volontiers tourné vers l'Asie. "D'autre part, [Obama] considère qu'on n'obtient jamais de résultat avec des interventions. C'est vrai qu'il y a eu la fatigue des guerres en Irak et en Afghanistan." Néanmoins, celui qui siège aujourd'hui au Conseil constitutionnel regrette ce manque d'initiative de la part du président américain. "Vouloir des négociations sans avoir, derrière, l'appui de la force, c'est très difficile."

Al-Assad reste le premier responsable. Pas question néanmoins pour Laurent Fabius de faire porter à Barack Obama seul la responsabilité de la guerre en Syrie. "La responsabilité principale [revient à] Bachar Al-Assad", a tenu à rappeler l'ancien ministre des Affaires étrangères, qui blâme également la Russie. "Poutine a saisi l'occasion pour avoir une influence diplomatique internationale de premier rang" et décidé d'intervenir en soutien du régime syrien.