Etats-Unis et Cuba rouvrent officiellement leurs ambassades

A gauche, l'ambassade américaine à Cuba, à droite, l'ambassade cubaine à Washington.
A gauche, l'ambassade américaine à Cuba, à droite, l'ambassade cubaine à Washington. © AFP
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B.W. avec AFP , modifié à
Après 54 ans de froid diplomatique, les Etats-Unis et Cuba ont officiellement rouvert lundi leurs ambassades à La Havane et Washington.

C'est officiel : les Etats-Unis et Cuba ont rouvert lundi leurs ambassades respectives à La Havane et Washington, après 54 ans de froid diplomatique. Il s'agit d'une nouvelle étape concrète du rapprochement historique engagé l'an dernier par Barack Obama et Raul Castro. Les bâtiments qui abritent les sections d'intérêts dans chaque capitale ont retrouvé automatiquement leurs statuts d'ambassades à 00h01 (06h01 en France), conséquence d'un accord annoncé le 30 juin.

 

Mise à jour le 20 juillet à 19h30. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a reçu lundi son homologue cubain Bruno Rodriguez dans les locaux du département d'Etat, première visite de ce type pour un diplomate de La Havane depuis 1958. Les deux hommes se sont serré la main avec le sourire devant les caméras avant d'entamer une réunion pour évoquer les différents sujets relatifs au rapprochement entre les Etats-Unis et Cuba initié en décembre dernier après plus de cinq décennies d'hostilité.

A Washington, une cérémonie aura lieu lundi à 16h30 dans l'édifice presque centenaire de la mission cubaine, en présence du ministre des Affaires étrangères Bruno Rodriguez - la première visite d'un chef de la diplomatie cubaine depuis 1959. 

Cérémonie officielle à Washington. Une importante délégation cubaine est attendue parmi les 500 invités, notamment le chanteur emblématique du régime Silvio Rodriguez, ainsi que la secrétaire d'Etat américaine adjointe chargée de l'Amérique latine, Roberta Jacobson, et le chef de la Section d'intérêts à La Havane, Jeffrey DeLaurentis. Le drapeau cubain sera hissé, ce qui devrait constituer l'image du jour.

Aucune cérémonie prévue à Cuba. A La Havane, aucune cérémonie n'est prévue lundi, mais le bloc de béton et de verre du boulevard de front de mer Malecon sera bien transformé en ambassade américaine. Les diplomates attendront toutefois la venue de John Kerry cet été, à une date non encore annoncée, pour hisser le drapeau américain, expliquait le même responsable vendredi. Lundi, "tous les employés de la section d'intérêts seront ré-accrédités comme employés de l'ambassade américaine, et le chef de mission comme chargé d'affaires. Cela signifie que tout le personnel sera incorporé dans le corps diplomatique de La Havane", a-t-il expliqué. La section d'intérêts américaine, surnommée "Sina", emploie 360 personnes, en majorité cubaines.

Encore de nombreux sujets de discorde. La normalisation ne s'arrête pas là et les sujets de discorde sont nombreux à l'ordre du jour: la levée de l'embargo américain, la restitution de la base navale de Guantanamo, les milliards de dollars d'indemnisation réclamés par les Américains expropriés de Cuba à la révolution, l'extradition des fugitifs réfugiés à Cuba et recherchés par la justice américaine... Le Congrès américain doit nécessairement voter pour lever l'embargo imposé par John F. Kennedy en 1962 et renforcé par la loi Helms-Burton de 1996, mais la majorité républicaine y est très hostile, et les candidats à la présidentielle sont vent debout contre un rapprochement qu'ils assimilent à une récompense pour les frères Castro.

Quand la Suisse et la Tchécoslovaquie jouaient les arbitres... Les relations diplomatiques étaient rompues depuis 1961, et ce fut seulement en 1977 que Jimmy Carter et Fidel Castro convinrent d'ouvrir des sections d'intérêts dans les anciens locaux des ambassades, pour des tâches principalement consulaires, sous la protection de la Suisse dans le cas des Américains à La Havane, et sous protection de la Tchécoslovaquie pour les Cubains à Washington jusqu'à la dissolution du pays, quand la Suisse a commencé à assurer le même rôle.